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Ces voix qui font obstacle…

Il y a dans ta tête des voix qui se font entendre, tu apprends à couper le son, à faire taire celle de tes parents, pas les vrais, ceux que tu cultives dans ta tête et qui te limitent…, c’est toi qui le fais… Si tu allais marcher dans la nature, les bois, les campagnes sans trop chercher à découvrir si elle est belle… en laissant la nature te révéler combien tu l’es.

…. comme sur les chemins de St Jacques… pour te découvrir dans ta capacité de t’accueillir, toi, tes émotions, les plus désagréables aussi, celles dont « on » te disait que tu devais les réfréner.

Et, cesser de lutter, c’est épuisant et inutile, mais plutôt développer cette compassion pour les conneries que tu as ingérées, bien malgré toi :  » tu as fait avec ce que tu pouvais à cet âge ou tu n’avais pas encore cessé de désirer, avant tout, de leur plaire…, à plaire à tes parents que tu as construits dans ta tête. L.F.

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Société

L’avenir sera chaud

Bien sûr, trop tard, les jeunes sont à l’étape d’éponger les angoisses de leurs parents face au dérèglement climatique, face aux guerres, aux violences de l’économie, la crise sanitaire, le tout est très lié. Ils descendaient dans les rues les vendredis, ils étaient actifs, les anciens les y rejoignaient. Les décisions politiques sont très en dessous de l’ampleur des dégâts. 

Une passivité politique anxiogène pèse sur la génération montante que nous amplifions en reportant sur elle la gestion de ces phénomènes. Plutôt que des décisions efficaces, les politiques favorisent l’accès des jeunes en consultations psy. Une réponse empreinte de passivité qui augmente la charge mentale qui devrait être la nôtre et que nous reportons sur eux. Comme en économie, quand la dette devient une hypothèque trop importante pour les suivants… Attention, dans l’échelle des comportements passifs, ne rien faire est le premier stade, l’agitation le suivant… la violence, l’ultime. L.F.

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Protection de l' Enfance

AF – Enjeux d’un métier en pleine mutation

https://www.calameo.com/irtsca/read/006164073c04c9fa896ef

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IMP 140 Protection de l' Enfance

Prendre soin des vulnérabilités du jeune sera possible si nous avons pris soin de nos institutions

Prendre soin des vulnérabilités du jeune sera possible si nous avons pris soin de nos institutions

Collectifs pour jeunes en difficultés sociales, psychologiques, psychiatriques, troubles du comportements (IMP 140, SRG, ITEP, MECS, UEHC, Equipes mobiles, Hospi enfants-ados…)

Il faut offrir aux intervenants, dans la transversalité et l’interdisciplinarité, le temps, le lieu et la contenance qui favorise l’indispensable travail de métabolisation des phénomènes transférentiels, des résonances, des émotions…sans cela la pathologie dirige la rencontre et le soin cède, conduit à l’épuisement, aux défections….ce qui va à l’encontre de la permanence, de la contenance

Évoquer les vulnérabilités, c’est parler de ce qui est exposé à recevoir des blessures.

Dans des services en accueil collectif et ambulatoire, ces services accompagnent des jeunes particulièrement vulnérables. 

Par échos, ces vulnérabilités touchent non seulement son public et les familles qui nous les confient, mais aussi nos organisations, nos intervenants. Cynthia Fleury, dans une conférence proposée à la faculté de médecine de Sorbonne Université invite à porter notre regard dans les dimensions ontologiques (épreuve, naissance, accident …) dynamiques et dialectiques (sociale, culturelle, politique, économique, juridique) mais aussi des fragilités planétaire, anthropocène, systémique.

La clinique que développent nos services s’inscrit et inter-réagit dans ces dimensions. Sans accepter cette complexité, ces transversalités nous pourrions mettre le focus sur le symptôme. Et dès lors augmenter la charge qui pèsent sur le public et les familles. Dans ces cas, nos services deviennent des caisses de résonnances, des amplificateurs des troubles qui nous conduisent ces jeunes. Si nos approches cliniques sont institutionnelles, éthiques et politiques, elles épargneront ces jeunes du devoir de se défendre, de se défaire d’une charge émotionnelle qui pèsent injustement sur leurs épaules endurcies. Ils sont souvent pris dans une spirale de vulnérabilités auxquelles ils sont davantage exposés que d’autres. 

Cela nous invite à considérer que le prendre soin de l’institution, de ces intervenants précède celui du « care » qu’elle voudrait offrir à ces jeunes. 

Et si le prendre soin émergeait d’un dialogue entre les vulnérabilités des intervenants et celles des jeunes et de leurs familles. Comme s’il résultait de l’écoute solidaire de nos manques, carences, obstacles, nos ressentiments. Un processus ou l’un montre à l’autre le chemin de l’empathie, l’ouverture à l’altérité. Une position basse qui laisse l’autre expérimenter que le regard sur soi-même ouvre l’espace du possible, la jubilation d’être révélateur pour l’autre. Une voie qui ne sera possible que si le service qui nous engagé dans cette danse est organisateur du « care » qui résiste aux forces limitantes des logiques gestionnaires. Une vulnérabilité dans laquelle nous pousse la course à la performance, à la mesure, aux chiffres et qui nous entrave par un travail de « reporting » si encombrant qu’il grappille le temps de la rencontre.

Il y aurait une symétrie entre les précarités, les carences originelles des jeunes et ce temps qui se réduit sous ces tâches. Il manquerait au prendre soin le temps de se vivre. Là, les vulnérabilités s’expriment à l’unisson. 

Le temps de rencontre des équipes, dans l’interdisciplinarité, au sein de l’institution est souvent raboté. C’est un point de vulnérabilité majeur de nos services.

Une homéostasie, qui sous des allures « apaisantes », laissent un goût amer dans le vécu de chacun, qui dans la reproduction prépare l’épuisement professionnel et fixe le jeune  dans l’ « usage »  de son symptôme.

La vulnérabilité la plus difficile serait donc celle de nos complémentarités inconscientes entre failles dans la contenance, le (non)exercice de la tiercéité dans l’équipe d’une part, de la reproduction du « connu » et maitrisé chez le jeune, d’autre part.

Le prendre soin serait ainsi de se mettre à l’écoute des évènements en commençant par l’équipe. Le faire à l’envers nous fait courir le risque d’utiliser la problématique du jeune pour à travers elle, tenter illusoirement de gérer la dynamique de l’équipe, sa communication, sa capacité contenante. Cela me fait dire que le « care » applique le « Moi, d’abord » pour s' »autoriser » à parler diagnostic et plan de traitement.

Les conflictualités non acceptées au sein d’un service deviennent sa plus grande vulnérabilité. En sortir nécessite que cette exploration se déroule dans l’interdisciplinarité et dans la « bonneveillance ». Ayant trop souvent connu vécu dans un climat d’hostilités, de violences entre adultes… notre public a expérimenter un sens de l’observation aiguisé…parfois, c’est une question de sulrvie…ils sont devenus experts dans le repérage des failles.

L’explosion d’un symptôme d’un jeune nécessite l’analyse, en priorité, de notre fonctionnement avant de tenter de décoder l’expression d’une surréaction de ce jeune dans ses troubles du comportement.

Je crains que cette étape, surtout s’il a été question de comportements agressifs peut-être même violents à l’égard d’un membre de l’équipe, soit shuntée.

Etape qui sera souvent shuntée. Une grande partie de l’équipe, dans une attitude que l’on qualifierait de contre-transférentielle, pourrait bien demander la ré-orientation du jeune.

Ce processus pourrait bien être la vulnérabilité la plus grande de nos services.

Celle du jeune consiste souvent à de reproduire dans le service les mécanismes qu’il a longtemps expérimentés dans sa famille.

Si nous entamons la réunion clinique par l’analyse des failles que très normalement une institution vivante présente, le décodage du comportement du jeune deviendra plus aisé. 

C’est de cette circularité, cette symbiose que nous offre à voir la nature, in la « Troisième voie du vivant » d’Olivier Hamont que nous nous inspirons, sans le savoir. Il y est question de nous modifier pour permettre le changement du jeune. L’arbre que l’on déplace, permet à ceux qui l’entoure de modifier leur développement. Une observation de la circularité et de la coopération qui nous équipe mieux pour faire face aux instabilités, aux incertitudes…et qui sort le jeune de la position enfermante du « patient désigné », qu’il faudrait guérir de ses blessures, aguerrir de sa vulnérabilité.

. Le public des jeunes en difficultés psychologiques, avec troubles du comportement, a bien souvent développé des compétences particulières, un sens aigu de l’observation des failles, qui anticipe les risques de « coups ». Ils nous « sculpent » comme partenaires de l’homéostasie. Voir venir ces «invitations symbiotiques » -AT- nécessite qu’à l’interne du service, avec les partenaires, on entre dans une culture d’échanges de « confrontations » saines. Le « care » de ces jeunes passe par un travail sur la culture d’équipe et interinstitutionnelle. Un préalable tout aussi important que la désinfection des personnes qui œuvre en salle d’op. Un travail « en réunion » raboté par les urgences qu’ils nous présentent et nous « précipite » sur les symptômes ». Éviter les « proximités » que requiert cette culture du « prendre soin » est devenu une vulnérabilité commune de notre public et de nos services. L’épuisement professionnel en est le prix !

Luc Fouarge

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Société

Comment aimer un enfant

Janusz KORCZAK, présenté par Alain SANTERRE, ex directeur de l’hopita pédo-psy « La petite maison » à Chastres

Chères Collègues, Chers collègues,

Permettez-moi de vous solliciter pour le service suivant.

Vous connaissez mon grand intérêt pour l’œuvre de Janusz Korczak.

Le 10 décembre 2022, j’ai envoyé aux Universités et aux Hautes Écoles ( facultés et départements de psychologie et des sciences de l’éducation) le document que vous trouverez en pièce jointe.

Ce document, à travers plusieurs références, traite de l’actualité de Janusz Korczak.

Si vous pouviez le transférer à toute personne qui pourrait être sensibilisée, je vous en serais fort reconnaissant.

Cette initiative a pour but de voir les professionnels connaître, ou reconnaître,  ce médecin, pédagogue, éducateur, écrivain, poète qui a marqué ma vie professionnelle et celle de nombreuses personnes à travers le monde.

Je vous remercie et je vous souhaite, Chères Collègues, Chers Collègues, une bonne et heureuse année 2023.

Bien à vous

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Société

Climat et santé mentale

Santé mentale et climat, merci les jeunes

« L’humanité a le choix : coopérer ou périr. Il s’agit soit d’un pacte de solidarité climatique, soit d’un pacte de suicide collectif », a déclaré le chef de l’ONU à plus de 100 dirigeants mondiaux réunis pour la première séance plénière officielle de la COP27. 

La Cop 27 nous sortira-t-elle de la suicidarité mondiale ?

En arrière-plan de cette réflexion, le débat sur l’anthropocène. La dérive de l’humanité glisse depuis plus de 50 ans sur la pente de la déification de l’économie de marché. C’est chose établie. Ce ne fut possible qu’au prix de nos méconnaissances, actes non-conscients de non-connaissance… et nous suivons le joueur de pipeau. Mais cette info sur les risques que nous faisons courir à l’habitabilité de la planète sont connus déjà début des années septante. Cela revient à dire qu’en arrière-fond de nos jouissances de consommations, « sourde » un climat morbide que je qualifie de suicidaire. Nous n’entendions plus son bruit présent comme un acouphène auquel nous nous serions « habitués ». C’était le prix du succès de grandes entreprises, maintenues en survie par de puissants lobbyings. Le prix de la financiarisation.

C’est dans nos silences que s’interrogent les jeunes…et nous regardons partir les nouvelles générations vers la falaise en suivant le joueur de pipeau.

Peu importe que les jeunes s’arment de soupe à la tomate, de purée… elle crie, elle hurle pour que nous nous réveillions. Elle veut nous sortir de cette démarche suicidaire. Je crains qu’il faille ici faire un lien avec la forte augmentation des consultations psychiatriques de la jeunesse.

Nous en avions attribué un peu vite la cause à la covid. C’est de nos aveuglements, de nos cécités, de nos méconnaissances que trop de ces jeunes sont « malades ». Ils expriment les angoisses qu’ils ont épongées chez leurs grands-parents et parents. D’ailleurs, ils descendaient dans la rue pour le climat avant la crise sanitaire.

L’éco-anxiété n’aborde pas la transmission intergénérationnelle entre parents et enfants. Cette anxiété-là, bien qu’existante, a été mise en sourdine. 

Me référant au concept de « sentiments exportés », ces non-dits, non-ressentis, ces sentiments méconnus sont exprimés par l’entourage. 

Les enfants sont en permanence confrontés à ce phénomène. On dit qu’ils épongent les émotions de leurs parents. Phénomène d’autant plus puissant que leurs perceptions de l’émoi du parent n’est pas accompagné de mots. L’enfant s’en débrouille. 

Ce phénomène est en route depuis longtemps. Nos parents, nous-mêmes avons participé à la mise en sourdine d’informations sur ce que l’on nomme aujourd’hui anthropocène depuis les années 50. Prix à payer pour faire fonctionner la consommation, le capitalisme et la jouissance immédiate de commodités à la source de la destruction de la couche d’ozone.

Le contenu de ces silences importe peu ici. Ce phénomène lié à l’économie dirigée par le marché s’est installé dans les rapports humains sans que nous n’en prenions la mesure. Comme le modeling est la méthode d’apprentissage la plus répandue, les dégâts psychologiques liés à ces silences sur des réalités mortifèresgénèrent dans les jeunes générations des manifestations symptomatiques particulières que l’on tentera de faire entrer dans des « cases » de la nosographie. Voilà que nous traiterions chez nos enfants des symptômes qui serait ceux de leurs parents, ceux que produit le néo-capitalisme. Ce faisant, nous amplifions ce phénomène qui « condamne » la jeune génération dans ce rôle particulier d’exprimer les conséquences des évitements de leurs aïeux. 

Encore une fois, c’est le prix de la méconnaissance des dégâts que causent productions et consommations et donc, jouissance immédiate. 

Les conséquences psychopathologiques imputées à la crise covid ont amené nos autorités à appeler les psychologues au secours du système en facilitant l’accès à la consultation psy. Est-ce que ceux-ci perçoivent à quels services ils sont invités en renvoyant à César ce qui lui appartient. Je crains que non et que dès lors les jeunes n’aient eu comme option que celle d’amplifier les symptômes qui ne sont pas les leurs. Ce qui eut pour effet de remplir jusqu’à les faire déborder les salles de consultations des services pédo-psy.

N’aurait-on pas pu, s’appuyant sur l’école, lui apportant l’aide des professionnels de la santé mentale, engager des débats de déconstructions de cette machinerie économique qui les encombraient à leur insu. Traiter la société plutôt qu’entrer dans un processus de « désignation » des jeunes. Dès 2018 et 2019 en descendant dans la rue pour défendre notre environnement ne nous montraient-ils pas qu’ils avaient les capacités d’orienter leurs énergies nous disant ainsi que nous avions à reprendre nos billes. Mais les écouter risquait d’ouvrir la boite de pandore de la destruction de l’habitabilité de la terre.

Il me semble que tout en se mettant à leur écoute nous les aurions soulagés de renvoyer au monde des adultes le difficile devoir de regarder la réalité en face. 

Les féliciter et les soutenir dans l’expression de leur sensibilité les aurait apaisés. Dans une telle attitude ils auraient constaté notre reprise en mains de notre propre santé. 

Une action de santé mentale qui ne se laisse pas fascinée par le symptôme mais qui remercie du signal que nous renvoie à juste titre la génération montante qui sans le savoir et à notre insu dit par l’expression de son mal-être celui qui aurait dû être le nôtre.

Une forme d’éco-systémie de la santé mentale qui donne les appuis pour dépasser les symptômes plutôt que les asphyxier par des interventions psy et médicales. 

Là, c’est la société qui prend soin d’elle et qui courageusement renonce à se faire diriger par l’économie de marché.

Luc Fouarge

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Protection de l' Enfance

Malaise en protection de l’enfance

L’ASE est mise à mal. 

Les TS y souffrent, les défections se multiplient. Le public concerné « exporte » sa souffrance… 

Justice, éducation spécialisée, santé mentale la société semble mettre la poussière sous le tapis, quand s’impose de la transversalité.

Le DRHwashing ne traite rien, les revendications n’apaisent pas, le public diversifie et amplifie les « symptômes », ce qui le conduit au TE  et à l’UT…

Édouard Durand, JE, dans Enfance et jeunesse infos titre : « Le plus grand aléa dans la protection de l’enfance est la subjectivité des professionnels »

Mes activités en guidance familiale m’amènent à accompagner des familles avec leurs TS.

Comme formateur, superviseur je chemine avec des services les plus variés de la Protection de l’Enfance, j’y pense et  je panse les carences institutionnelles qui expriment des difficultés liées à l’équation personnelle des personnes missionnées par ces institutions. Elles échappent à l’une de leurs missions essentielles. Offrir à leurscollaborateurs.trices une « équipe ».

Équiper le TS est la tâche première de l’institution. Celle d’apporter à ses  collaborateurs la « contenance » minimum et indispensable dont ils ont besoin par essence même de la relation d’aide. Elle nécessite qu’elle soit soumise à un regard « tiers ». Les TS, esseulés dans leurs activités, y agissent sous l’égide de leur subjectivité, ils courent le risque de l’auto-référencement. Et c’est donc bien à un « arbitraire » qu’est confronté le public. 

Ce constat est « normal » et il est d’ailleurs le bienvenu si et seulement si l’équipe qu’on lui offre pratique une culture d’équipe où s’exerce de façon circulante cette nécessaire « tiercité ».

Je peux voir de toi ce que tu ne peux voir de toi (et inversement) et je t’en fais « cadeau ». 

Je m’interdis de te regarder t’abîmer dans ta fonction et je t’offre cette « confrontation » qui peut t’aider à te protéger et qui préserve le public d’être conduit, dirigé, accompagné dans des attitudes chargées de tes projections bien inconscientes. On te les pardonne d’autant plus que c’est inévitable. C’est de ces silences, de ces rétentions de « cadeaux » que s’abîme le personnel. Créer cette culture d’équipe courageuse et bienveillante est la première tâche de l’ASE. Il s’agit là d’une tâche essentielle du chef de service qu’il convient de former et de soutenir à son tour dans cette expertise qui fait passer son équipe de l’action éducative à la clinique éducative. Le CG, son employeur le formera donc, au-delà des compétences techniques, à créer et entretenir cette culture d’équipe qui fait du prendre soin d’elle-même sa tache première. Seule approche qui permet d’aller au-devant d’une famille, d’un jeune… sans lui faire courir le risque que les aléas évoqués n’envahissent la relation d’aide. Sans cette précaution, le risque est trop grand que l’aide nécessaire génère de la rébellion et/ou de la soumission. Dans les deux cas, le pouvoir d’agir du public est disqualifié. Et voici que l’institution, parce qu’elle n’a pas géré sa mission première « d’équiper son personnel », répond aux invitations homéostasiques du public… qui se défend.

J’invite donc à penser que panser se fera par phénomène de cascade. 

Là, j’invite à professionnaliser le travail d’équipe. Il ne suffit pas de créer une ambiance sympa… c’est mieux, mais insuffisant. Cela fait courir au public le risque d’être soumis à l’auto-référencement du TS.

L’ASE, si elle veut changer de route, doit  former ses cadres. Elle doit soutenir un changement de culture d’entreprise qui reconnaît, soutient ces priorités. J’observe une mobilisation sur les conditions contractuelles, sur les référentiels, les procédures que l’on tente d’implémenter avec le soutien de chercheurs. Cela ne sera utile que si le « care » des équipes se développe à l’égard des collaborateurs pour que percole sur le public le prendre soin qu’il est en droit d’attendre…mais qu’il repousse aujourd’hui parce qu’il ne perçoit pas suffisamment combien le TS est prêt à « mouiller sa chemise », réfugié derrière des concepts rationnels telle  la « bonne distance »…. qui n’est en fait qu’une armure. 

La porte visée est sans nul doute l’épanouissement des professionnels. L’ambition est une fidélisation des référents, elle-même condition d’une souhaitable permanence dans les interventions. Nombreuses sont les situations qui dénoncent l’intervention d’un trop grand nombre d’intervenants.

La porte piégée est l’excès d’enquête, d’évaluations, de recherches et d’options limitées à des dispositions DRH. L’expression des doléances du personnel est trop souvent asphyxiée par les enquêtes pilotées par des labos de recherche et des bureaux de consultance qui n’apaisent pas.

La porte d’entrée est, ici, du registre des émotions, des sentiments. Celui de participer au « prendre soin » de l’équipe. Cela nécessite de travailler à une culture institutionnelle qui cultive le « Moi, d’abord ».

Il s’agit là du premier pas dans une éthique du soin. C’est, comme dit plus haut, la condition nécessaire pour protéger les interventions auprès du public avec le moins possible d’auto-référencement, de « résonances » qui priveraient les familles, les jeunes de l’exercice de leur « pouvoir d’agir », les confirmant ainsi dans la soumission ou la méfiance à l’égard du TS.

Une qualité de croisement de regards, d’exercice d’une tiercité circulante dans l’équipe qui prévient des risques de pollution des familles du public et de celles des TS, par les « croyances ».  Cela fonctionne pour autant que l’équipe s’approprie la mission d’accompagnement, soucieuse de ne pas laisser son équipier, isolé, dans un face à face perdant/perdants où couve le burnout et le repli stratégique de la famille qui solidifie ses remparts.

Je parle ici des devoirs de l’institution à l’égard de ses collaborateurs, et de l’engagement de ceux-ci dans une culture d’entreprise qui fait de la commission enfance un lieu de métabolisation des craintes et inquiétudes, des transferts et contre-transferts,   des résonances l’accompagnement de familles dites « dysfonctionnelles ».

Luc Fouarge

La tâche prioritaire de l’institution de protection de l’enfance

Si l’intervenant psychosocial n’est pas triangulé par son équipe, son institution, une supervision…, l’aide pourrait bien représenter un risque contre lequel les familles se battent avec toutes les maladresses que l’on devine. Et voilà qu’ainsi, la famille elle-même, conforte la représentation que s’en était faite le TS. Ainsi, en ASE, la durée de placement devient abusive, démobilisante sur le plan familial et génère des passages à l’acte ravageurs d’ados. Et ce même TS finira épuisé faute d’avoir été « confronté » sainement par son équipe, par son institution… C’est ici que démarre le « care ».

…il y a tant à faire, que ce travail de soins des équipiers de la commission enfance, passe bien loin après les taches quantifiables…la quantophrénie bouffe le temps réservé aux intervenants. Ils iront voir ailleurs… car le travail cesse d’être un job de l’humain… 

je me répète… je rencontre tant de placements qui ne sont plus justifiés… et il manque tant de places

En arrière-fond, la responsabilité de l’institution vis-à-vis de phénomènes bien documentés ; résonance, contre-transfert, invitation symbiotique… rien de plus normal et dont les forces limitantes s’amenuisent lorsqu’ils s’offrent à être vus, à être commentés dans la bonneveillance dans l’équipe. Ainsi le champ de vision de chacun s’élargit, le jeune et sa famille sont protégés de ce qui pourrait devenir « la sauvagerie » du travail psychosocial

Luc Fouarge

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Protection de l' Enfance

…né puni

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…plus rien n’est tranquille

Accélération, changement climatique, méconnaissance, covid, enfermement, crise économique, chèques, guerre, migration, silence, crise d’énergie et superprofits… peur sourde, annonces, privations…

Ma mère, son ami… à table, plus rien n’est tranquille… comme quand mon père était là.

Ça discute, ça se dispute aussi… ça se sépare… j’ai peur.

Comme eux, comme les adultes… ils ne l’entendent pas, ils sont occupés.

A l’école, c’est un peu mieux… mais seulement un peu, les adultes vont… partent eux-aussi… ils ont peur.

Ils disent que je suis dys… ils disent aussi que je m’agite… un docteur me fait prendre des médicaments… je ne suis pas malade… pourquoi, ils veulent quoi, m’éteindre, que je devienne muet, que je ne joue plus… plus j’en prends, plus je cours, plus je me cogne…

Un psy veut que je lui dise ce que je sens… je ne comprends pas… il est gentil… il voudrait que je sois comme tout le monde… 

J’aime mes parents, mais je ne veux pas être comme eux… je ne peux pas leur dire, ils sont déjà si inquiets… 

Alors, je ne dis rien… je prends des médicaments, je vais voir un psychologue, ma mère m’attends dans la salle d’attente… un peu énervée… je sais que mon père n’est pas d’accord

Ce sont eux qui devraient y aller.

J’ai pris des ciseaux, je me suis fait des griffes sur les bras, sous ma manche.

Alors ma mère a téléphoné à mon père… ils avaient peur, j’ai cru qu’ils m’aimaient quand même, tous les deux, à deux en même temps… mais ils se sont criés dessus, comme avant.

Rien n’est plus tranquille, ils disent que s’est depuis que je me cogne partout, que je ne suis plus le même. 

Et moi, je les crois, ils m’aimaient… ma vie n’est plus la même, j’ai peur quand ils ne m’aiment plus… ma mère en fait un nouveau, un nouveau bébé qu’elle pourra aimer… moi, j’apprends que je n’en ai plus besoin, que je n’ai plus besoin qu’elle m’aime.

Peut-être qu’à l’école on ne m’aimera plus non plus, je m’y cogne plus souvent qu’avant. Ils disent que je devrai aller dans une autre école. 

Le psychologue, je l’ai entendu, a dit à ma mère qu’il ne pouvait rien pour moi, parce que je ne prends pas…  Il ne m’aime plus, non plus.

Mais alors, qui va s’occuper d’eux… ils vont faire la « guerre » entre eux.

Luc F.

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IMP 140 Non classé Protection de l' Enfance

Passage à l’acte du personnel

Les agressions physiques et/ou sexuelles d’éducateurs.trices, sur des enfants, des personnes porteuses de handicap créent de véritables explosions volcaniques dans les lieux d’accueils. Il n’est pas rare qu’elles viennent après de longs silences au sein des équipes. Ces épisodes sont destructeurs pour l’enfant, la personne victime, mais aussi pour l’équipe, pour le service. La question de la responsabilité, des « comptes à rendre » précipitent toute l’équipe dans des émotions bouleversantes, chargées de culpabilité. 

Nous devons anticiper ces risques. Il faudra échanger sur les « invitations » des jeunes à reproduire des rencontres et immanquablement évoquer les « résonances » misent au jour chez des collaborateurs qui n’en ont pas encore la perception. « Je peux voir de toi ce que tu ne peux voir de toi, je t’en fais cadeau ».

Un échange indispensable pour sortir du trop de retenue, de l’excès de promiscuité. Il n’est pas rare que le jeune qui vécut jadis une forme d’abus, un climat incestuel « demande » une proximité physique très proche pour mieux contrôler l’adulte pourrait l’insécuriser.

Exercer une tiercité circulante au sein du service protège cette relation, le jeune et l’adulte qui l’accompagne également. Ceci suppose un travail sur la culture institutionnelle qui « autorise » cette rencontre particulière entre équipiers, proche et soutenante, dans la multidisciplinarité… dans la bonneveillance… alors, se construit la thérapie institutionnelle et le service passe de l’action éducative à la clinique éducative. Acceptant ainsi, que c’est à partir de là que l’on peut commencer à parler de la « clinique ».

En l’absence de cette culture, la relation éducative est livrée à la « sauvagerie » du jeune                    et de l’adulte, et parfois même de toute l’institution.


Ces questions, si elles ne se parlent en équipe pluridisciplinaire, risque de mettre tant d’énergie à se calibrer sur celle de la « bonne distance », préoccupation qui pourrait bien nous mettre au travail avec des « retenues » dans l’amour qui seront perceptibles. « Je pue, ou quoi ? »

C’est donc bien cette qualité d’échanges dans l’équipe qui nous préserve d’éduquer avec une économie exagérée de gestes, et de proximités « sauvages » qui tenterait ainsi de gérer la question de l’amour.

Luc F.