Lieux de vie, lieux d’accueil et d’hébergement… dans ces services, lieux de travail du non-marchand, on entend souvent ; « dans ma boîte »… Boîte évoque ce lieu où travaillent infirmiers, éducateurs, paramédicaux… et où vivent des personnes. Le mot boîte véhicule une dépersonnalisation des rapports humains orientés sur des objectifs de production, de rendement.
Lorsque l’objet de la tâche est production, compétition, concurrence les concepts habituellement portés par le vocabulaire commun lié à la « boîte » n’affectent éventuellement que les personnes embauchées et les objets ou services produits. Que la qualité de production soit enrobée dans un langage peu édifiant des personnes qui y travaillent ne gène généralement pas clients et actionnaires.
Mais les personnes qui vivent et séjournent dans ces lieux de vie, qui justifient la prestation de service qu’elles méritent pourraient bien mal vivre que les prestataires qui les accompagnent se distancient d’elles, que de Sujet elles deviennent l’objet d’une organisation de travail récupérée dans un langage de production.
Ces travailleurs qui participent par la qualité humaine qu’ils mettent dans les gestes techniques qu’ils posent en faveur des personnes… je les invite à résister. Le langage module nos postures, attitudes, ouvertures. Je les invite donc à refuser le langage qui « chosifie » les personnes que nous prenons en compte (et pas en charge).
Quand l’hôpital,le home, la maison d’enfants sera une « boîte », les concepts de production, mesurés, minutés dans des référentiels ne nous permettrons plus de nous attarder à écouter les états d’âmes des personnes qui y séjournent pendant que nous accomplissons un geste technique encodé, minuté. Dans cette période de compressions budgétaires ces outils pourraient affecter la disponibilité que demande la relation soignante. Elle ne sort pas d’une boite et ne se distribue pas dans une temporalité chronométrée.