Au téléphone. Il a 51 ans, 2 enfants. Il a séjourné au coga. Que je me souvienne de lui, le touche. Le passage au coga lui a permis de rompre avec l’instabilité qui l’empêchait de réussir à l’école. Tout en restant en IMP de la catégorie 140, il a pu reprendre un cycle de scolarité ordinaire. Il est employé aujourd’hui dans une société de services aux hôpitaux. Le temps écoulé lui permet de prendre la mesure de l’impact de son séjour chez nous. Il nous remercie. Il dit la nostalgie qu’il retrouve depuis peu sur cette époque qui l’a sorti d’un circuit infernal. Les grands parents qui lui « servaient » de parents à cette époque sont décédés. Il repense aux personnes auxquelles il s’est cogné pour se construire. Comment avez-vous fait pour croire en moi est une des questions qui l’occupe quand il songe à cette époque turbulente, insécurisante de sa vie. L’autre question parle de ses ressentis douloureux quand il prépare la Noel pour ses enfants. Il n’ y a plus personne pour lui dans la génération qui le précède. Il nous reconnait dans cette place qu’il nous donne comme substitut paternel. Ce regard courageux qu’il jette en arrière, sur les réalités douloureuses qu’il a traversées l’aideront à se sentir moins seul face à ces enfants au prochain Noel. Cet appel TF, les sms que je reçois au nouvel an à minuit, nourrissent les ressources dans lesquelles je construis l’empathie. Elle est possible seulement si l' »accordage » entre eux et nous éducateurs existe. Ils nous aident à la construire, si nous acceptons qu’ils ont à faire la plus grande partie du chemin. Et, si quand elle s’amorce, nous pouvons les remercier.
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