Je lui donnerais 6 ans. De la sortie du sas d’entrée, portes de verre automatiques, elle indique à son frère, 4 ans peut-être, les règles du jeu. « Tu dois courir et m’attraper mais tu ne peux pas entrer ici, dans le sas ». Le petit est dans la salle des pas perdu à proximité de ses parents. Il entend « attraper » et se précipite en direction de sa sœur qui le rudoie parce qu’il est entré dans l’espace défini par elle comme zone interdite juste pour lui. Elle le pousse violement dans l’espace des pas perdus. « Tu dois essayer de m’attraper mais tu ne peux pas entrer ici… j’ai dit !». Après qu’elle ait fait un pas dans le hall, qu’à nouveau le petit bout d’homme la poursuit jusque dans le sas, il se fait à nouveau et rudement jeté de l’espace déclaré interdit. Cette fois il est auprès de ses parents accoudés à un mange debout. Ils sirotent un café. De loin, elle le réprimande d’abandonner son jeu. Il démarre à nouveau, un peu trop vite et s’étale sur le sol luisant.
Elle n’a rien vu du jeu, sa mère se retourne et l’enguirlande parce qu’il est tombé. Un air de frayeur remplace le sourire du petit. Son regard est hébété. Je saisi cet instant d’incompréhension, de tristesse, de culpabilité qui laissera place à une once de colère qui exaspère encore un peu plus sa mère. Il se reprend de nouvelles réprimandes. Le père se retourne, préoccupé par l’horaire.
Le café fini, parents et enfants traversent le sas sans commenter cet épisode. La petite est joyeuse tandis que le père, qui semble retenir son souffle, tire le petit par la main. La mère affiche un certain agacement. …
Demain…
Pour cet homme, entre mère et femme, une vie suffira-t-elle à saisir les enjeux. Est-ce la règle ainsi fixée qui est déterminante ou est-ce le processus de sa construction qu’il convient de découvrir. Devenue femme supportera-t’elle que son homme respecte les règles qu’elle fixe ? Découvrira-t’ il que la mise en test de la question du pouvoir est le véritable enjeu ? Parviendront-ils à élaborer ensemble un processus consensuel de prise de décision ?
Ici commence la psychothérapie. Dans la compréhension des croyances que nous avons ancrées dans nos existences il y a si longtemps, elles nous limitent encore aujourd’hui.
Luc F.