
4/ mars 2020 Départ pour un dernier voyage.
Durant la fin de ses études secondaires une psychologue de Charleroi oriente André à l’ Ecole d’Aulne. Il y décrocha le diplôme d’éducateur spécialisé.
Pendant sa formation à l’ADA, André est souvent sur chantier avec Aldo, grand maçon, unique homme de métier qui édifie l’école d’Aulne nouveau bâtiment qui hébergea les « régences ». André cumule donc formation de maçon et d’éducateur avec brio, particulièrement dans le bâtiment.
A sa sortie, il accepte un poste d’éducateur résident dans un foyer d’accueil pour personnes sortant de prison, L’Ilot à Charleroi.
André, sa femme et son fils occupaient une pièce de quelques m2 au sein de ce foyer.
Plus tard le patron l’envoie à Kegeljan à Namur.
A cette époque, la famille Fanuel met à disposition de la LNH un terrain sur les hauteurs de Thy Le Château. Débute alors la construction de l’Institut Louis Marie que dirigea Jacques Fanuel.
André vécu le temps de cette construction avec son épouse et son fils dans une caravane résidentielle pour assurer la construction et le suivi de ce vaste chantier.
Des élèves de l’IKN, venaient à la semaine participer à cette construction. Sous la responsabilité du Stouff, ces jeunes vivaient dans une deuxième caravane résidentielle. Mme Stouff était l’éducatrice et l’intendante de ce petit monde.
Une période de sa vie où il commence à côtoyer le monde des antiquaires. Une passion qui l’occupa jusqu’à se faire reconnaître une expertise dans le domaine.
A la même époque, il réalise un rêve d’enfant. Il rachète la maison du Dr de la rue où il vivait avec ses parents à Montignies sur Sambre. Une famille qui veillait sur lui.
Vient l’époque où Delano entreprend de grands travaux. Avec sa famille André devient Peruwelzien. Les jeunes sortant de Delano ont besoin d’être assistés après la majorité. Quelques-uns devront être accompagnés de longues années après la sortie. Complice de Jacques Dubus, dans le château Delano, rue de Cerfontaine, ils installent un nouveau service. Un Foyer pour Jeunes Travailleurs. La famille Stouffriat s’y confectionne un appartement et vit au milieu des jeunes accueillis et accompagnés.
Un service qui s’accroit de plus en plus, occupe de nouveaux locaux dans la région… et le Centre de Cerfontaine ne cesse de s’accroître. Il faudra aussi penser à occuper tout ce monde qui ne peut espérer entrer sur le marché de l’emploi traditionnel. Il faut donc des ateliers, des objectifs économiques et sociaux qui s’allient….c’est l’achat de la Loquette qui hébergera un atelier de menuiserie. Une chaine de palettes prend place dans cet espace qui hébergera plus tard les personnes en grandes difficultés et qui ne peuvent plus participer à une production économique. Les ateliers deviennent occupationnels. Ainsi l’éducateur dit le Stouff répond tant aux jeunes, qu’aux adultes porteurs de handicaps.
Entre temps son ami René Pondant, avec lequel il a fait les 400 coups à l’Ecole d’Aulne connait des déboires dans l’atelier protégé qu’il dirige dans la région de Vielsam.
André a un sens de l’amitié très solide, il donnera du boulot à René qui avec son épouse créent les sections de Liège.
Cerfontaine, qui accueillera des jeunes filles à TOURNAI, s’étend sur tout le territoire wallon.
De quelques jeunes de Delano, rue de Cerfontaine, André et ses collaboratrices et collaborateurs, plus de 350 accompagneront plus de 500 personnes, enfants et adultes, hommes et femmes.
Pendant ce parcours sous son impulsion, il ouvrira une section en territoire français à côté de la basilique de Bonsecours. L’équipe de travaux sous sa direction effectuera une belle restauration de ce bâtiment historique.
Cet inventaire de création, très incomplet, n’a d’autre projet que de rendre hommage à cet homme qui su obtenir de toutes ces personnes qu’elle puissent donner le maximum, avec un minimum de moyen…André, homme du voyage, fasciné par la culture rom, gitane, tsigane nous quitte pour un voyage interstellaire où il rejoindra ses patrons, l’un terrestre parti en 2002, l’Autre, Patron pour l’éternité à laquelle il croit.
A 10 ans mon père me confie à Aldo et au Stouff. Pour… faire de moi un homme.
Mon histoire débute donc ainsi. Je suis en devoir de réussir les exploits d’André. Il m’est désigné comme modèle. Me voilà avec un grand frère.
En début de carrière le patron me désigne au poste d’administrateur dans le CA des asbl Cerfontaine. Plus j’avance plus j’y découvre qu’il est plus le fils de mon père que je ne le suis.
Et j’en suis plutôt fier. Me voilà en charge de discuter les projets d’André pour que j’y apprenne à refreiner les ambitions du Stouff que personne n’arrête. Je n’y suis pas arrivé. Mais les débats sur le qualitatif n’était pas absent mais pas à la hauteur de mes espérances.
Je partageais sa fascination pour les gens du voyage et du rêves.
Il devenait gitans dès qu’on s’attablait. Il sortait son couteau au manche sculpté dans la corne, le posait sur la table et le film commençait. Les bijoux en or, la petite hésitation dans le débit de parole et les mimiques qui dégageaient une grande force… après l’apéro, il sortait son tél et appelait dans une langue qui mélangeait espagnol, wallon… les Gipsyking était au bout de fil…et la fête pouvait commencé…nous étions loin de Cerfontaine…et nous programmions notre prochain voyage aux Saintes pour le grand rassemblement.
Petit fils de tsiganes hongrois marchand de chevaux, avec toi André j’ai vécu ce sentiment d’avoir un grand frère et d’être protégé. Je savais que je pouvais partir loin avec ma Mercedes d’occase, plus j’étais loin et plus j’étais sur que tu viendrais me chercher.
Ce roman t’aidait à tenir devant les charges et les défis que tu t’ajoutaient… et tu étais proche de ces jeunes hommes qui cherchaient le père, ils s’approchaient de toi, tu les prenaient par le cou et comme un chef tu leur parlais, et il grandissaient protégé par le chef.
Ils te donnaient cette grandeur qui gonflait ta carrure. Un style qui te permettait de te passer des psy dont tu ne voulais pas qu’ils lisent dans ton jeu.
Bon voyage André, il y en a quelques-uns qui t’attendent là-haut.