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Société

Santé mentale, travail social et évaluation

La comptabilisation des actes dans les secteurs de la santé mentale.  Le risque de  glissement vers la quantophrènie, et l’essoufflement du « prendre soin » 

Le politique a besoin d’évaluer l’impact de ses investissements dans les secteurs subventionnés, hôpitaux, SSM.  J’ajoute qu’il est important que les devoirs de comptabilisation n’affectent pas le « prendre soin », le care « enveloppant »,  l’humanité  qui fait lien et soutient le soin.

Les devoirs imposés glissent vers des logiques gestionnaires. Elles rencontrent  les besoins de sécurisation sur l’utilité, le rendement des investissements des politiques et des directions économiques de services subventionnés. La culture de l’évaluation est sans conteste la bienvenue. Je signale le risque qu’elle pourrait bien répondre aux besoins des décideurs en créant dans les services un sentiment d’être invité à se presser. 

Ce sentiment abime le « prendre soin » quand il ne l’écrase pas. 

Bien malgré moi, coincé dans une chambre d’hôpital, j’entends la conversation entre une infirmière et un délégué du personnel. Elle lui fait remarquer que dans le logiciel d’enregistrement des actes, il n’a pas été pris en compte le temps de déplacement entre la salle de garde et la chambre du bout du couloir. Remarque qui traduit que l’empressement à réaliser l’acte permettra de récupérer le temps imparti pour satisfaire la rigueur du logiciel.

Lors d’une visite que j’ai effectuée dans une vaste institution pour personnes en grands besoins de nursing et de mobilisations physiques, j’ai vu de magnifiques locaux, type Snoezelen. Quand j’ai interrogé sur la fréquence d’utilisation pour un usager, on m’a signalé le fossé entre le projet de service et la réalité en raison du niveau d’absentéisme chronique du personnel. 

Les nomes ISO font pourtant briller les annonces, les flyers dudit service. 

L’accès au soin dans son enveloppement par le prendre soin est donc mensonger.

L’humanisation du soin n’est-elle la condition de son bénéfice, de son succès.

Ces questions nous placent au pied du mur de l’éthique du soin. Nous nous rassurons de trouver l’acte de soin dans les statistiques, graphiques et autres fromages. Le doute sur la qualité du soin tronqué du temps du prendre soin n’y apparait pas.

S’ajoute à cela, que les données cliniques transmises aux autorités (en vue d’ajustement des politiques de soins aux données épidémiologiques) restent parfois au frigo de l’administration en manque d’équipements pour les faire parler. Non seulement les soignants se trouvent privés de follow up utiles pour faire progresser leur projet de service, mais cette absence décourage la mise en œuvre de l’évaluation. 

Un obstacle à questionner tant du point de vue politique qu’éthique. 

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