Un peu en vrac…à la suite d’échanges sur les réseaux
Éducateurs, c’est ainsi qu’on nomme ces professionnels aimants qui accompagnent le quotidien des personnes adultes porteuses d’handicap(s).
Une dénomination qui installe la rencontre dans une infantilisation de la personne.
Comme si la réponse à la dépendance en fait des personnes « régressées ».
Dès lors les humiliations s’enchainent, les attentes se multiplient, la personne se tasse sur elle-même et rentre dans une conformité qui transforme cette noble tâche en asservissement. Et la voilà patiente. Que peut faire d’autre cette personne que d’abandonner l’expression de sa citoyenneté quelle que soit la taille de sa contribution, fusse-t-elle celle du colibri qui apporte aux pompiers sa goutte d’eau pour éteindre le feu ravageur de nos horizons.
Cette idée que certaines personnes auraient besoin d’être éduquées pousse le professionnel dans les positions hautes. De nombreuses fois il rencontre ainsi la « demande » de la personne de se laisser porter, guider… ce qui sera limitant si cet accord implicite perdure au-delà des besoins de la personne. Cela pourrait peser sur le travailleur social qui s’en défendrait. Il pourrait alors devenir rejetant… ou peut-être est-ce dans le rejet qu’elle serait alors perçue. Cet instant s’appelle « la prime ». Elle confirme les positions initiales, de façon désagréable, toxique même de l’une et de l’autre. Une participation des deux dans une méconnaissance, une « complicité » qui dés-sert les deux.
Attirer l’attention sur les postures. Elles en disent long sur la façon d’envisager l’autre, sur la place qui lui est faite, sur un langage limitant, enfermant dans ces postures…. Les réponses doivent se construire dans la transversalité et surtout, avec les personnes accueillies. Finalement, ne sont-ce pas elles, ces personnes, nos employeurs ?
Sommes-nous prêts à accueillir ce que ces personnes nous enseignent sur nous-même, sur la bonne façon de les accompagner ? C’est dans ce « return », dans l’écoute des résonances que nous augmentons nos qualités d’accompagnant, de soignant…
Avec des jeunes, Le Dr Botbol , pédopsychiatre propose que l’éduc se tienne un peu en retrait, derrière le jeune et l’accompagne dans ses nouvelles expérimentations, et de le laisser jubiler du résultat. Lui laissant engranger les gains de ses succès comme le seul auteur. Cela demande à l’éducateur, une forme de discrétion, et l’humilité qui l’envoie jubiler à son tour dans son for intérieur, dans son équipe… Ainsi le jeune se recrée, se crée une image de soi qui l’autonomise, qui le » sort » de ses dépendances…
Juste un pas en arrière, ce n’est pas loin d’être à côté avec un regard bienveillant et proche, donc. Il y a de la permission et de la protection dans cette position. Posture qui dégage, un peu, la relation de s’enliser dans la rébellion. Avec notre public, c’est précieux … à adapter selon les âges et les compétences. Bien sur.