Conçue pour l’accompagnement de familles dont les enfants sont pris en compte par la protection de l’enfance, la guidance familiale prend l’option de porter son attention sur la famille et les acteurs mandatés ou non, pour « les suivre ».
Le plus souvent ces rencontres se font en présence du référent du service gardien et peuvent être élargie aux acteurs de l’accueil familial et ou institutionnel.
La particularité est que la demande est formulée par l’équipe enfance et avalisée par la DT.
S’ils donnent leur accord, les parents ne sont pas les demandeurs. Les § qui suivent portent exclusivement sur ce public. Nous devons donc assumer cette posture de soumission de la famille au désir du TS, ce qui nous rend attentif à ne pas nous laisser enfermer dans une perception par la famille d’une coalition du service/guidance familiale. L’appellation guidance familiale nous distingue de la thérapie familiale. Quelle représentation de nos rencontres garderait les parents si nous acceptions de mettre en œuvre une thérapie qu’ils n’ont pas demandée ? Eux aussi pensent-ils que nous avons des troubles d’une nature qui nécessite des soins ? Nous acceptons d’accompagner ces familles lors de rencontres où nous tenterons de repérer et partager sur l’expérience de vécu de la famille, des vécus dont nous ne faisons qu’effleurer les émotions que peuvent traverser les membres d’une famille repérée et qualifiée dans un jugement détaillé par un tribunal.
Nous n’évoquons donc pas une démarche thérapeutique, nous rencontrons des personnes, nous leur parlons, nous sommes des personnes, espérant que dans la rencontre les membres de la famille se sentent à leur tour des personnes. C’est à partir de cette rencontre que nous pourrons proposer de les aider à penser leur modèle familial, face à des attendus gravés dans le jugement. Nous ne dictons pas, nous tentons de comprendre les inquiétudes du magistrat, des TS concernant le danger que courent les enfants et qui justifient une mesure de restriction de l’exercice quotidien de la garde des enfants. Une démarche qui invite les uns et les autres à une compréhension empathique du regard de l’autre. Nous ne « contractualisons » pas sur le changement attendu par les autorités, mais sur l’accompagnement des besoins que la famille révèlera au cours de nos rencontres. Nous rejoignons en cela la mise en œuvre du pouvoir d’agir de la famille.
Il se dégagera (peut-être) des prises de conscience de la nécessité pour l’un ou l’autre de faire un bout de chemin avec un psychothérapeute… ce que nous soutiendrons.
Un moment de bascule du concept de guidance familiale vers des modalités de thérapie familiale… et si possible par une orientation auprès de psychothérapeutes proches de la famille, soutenant ainsi une plus grande autonomie et prise de distance vis-à-vis des TS.
L’intervention systémique nous apprend à exercer dans la position basse. Bien évidemment nous aussi, sachant que cela ne réussira que si nous sommes authentiquement des apprenants de leur fonctionnement et donc si nos rencontres deviennent des temps de co-formations au cours desquelles il nous sera donné l’occasion de les remercier d‘être pour nous de bons professeurs.
Cette démarche de co-formation et de co-construction nous fera entrer dans une rencontre soignante dans laquelle nous veillerons à ce qu’elle prenne soin de nous et offrira ainsi à la famille de grandir de nous apprendre. La dimension de l’émerveillement soutient les uns et les autres.
Luc Fouarge