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Protection de l' Enfance

Jeunes majeurs, transition périlleuse

Jeunes majeurs

Ce propos prend en considération les jeunes devenus « clients » de la protection de l’enfance et ceux du secteur psycho-médico-social également inscrits dans la file active de la protection de l’enfance. Ils ne l’ont pas choisi. Ils y sont arrivés pour des motifs protectionnels. 

Un magistrat, une autorité administrative avec le consentement des parents, étaient à la manœuvre quand fut prise la décision de leur offrir le relais du service public dans des dispositifs destinés aux mineurs. Dès la majorité, ils basculent dans un système d’aide pensé pour les adultes. 

Administrativement ils le sont. Émotionnellement, psychologiquement, bien souvent dans la mise en œuvre de la protection, ils n’ont pas rattrapé les retards qui furent la conséquence d’une vie carencée en protection et en permanence.

Peu sont aptes à s’en sortir via les aides pour adultes, trop peu bénéficient du prolongement des aides pour mineurs. De surcroit, voyant arriver l’échéance de la majorité, ils ont été poussés dans des préparations « à l’autonomie », illusion conceptuelle qui trop fréquemment les précipite dans des conduites sourdines de leurs angoisses, de leurs méconnaissances et dans l’abus d’environnement adulte qui exploite leurs failles.

Dans ce passage, si cette transition échoue, leurs fragilités prend de l’épaisseur. Ils mettent un pied et parfois plus dans des problématiques psychiatriques, peut-être même antisociale. 

Si l’autonomie est la porte visée, elle est aussi la porte piégée. 

Les autorités, les administrations organisatrices des aides changent à cette période fragile, période où la qualité, l’ancrage du lien sont plus importante que jamais puisque c’est à distance que le soutien doit se manifester. Et c’est aussi à cette époque anxiogène qu’il se fragilise.

J’ai rencontré maintes fois des professionnels (souvent jeunes) mis à mal par leurs propres souffrances face à la destruction de ces jeunes dont ils étaient « en charge » !

La voie serait de confier aux acteurs de l’adolescence le soin de les accompagner, le temps nécessaire, pour qu’ils achèvent leur édification psychique et qu’ils soient équipés en qualité personnelle et/ou en réseau social capable d’achever avec eux cette construction. 

Quelques-uns ne pourront y parvenir, des services collectifs résidentiels ou ambulatoires seront nécessaires pour aider ces jeunes à participer à la vie sociale. Le succès augmentera si le travail de la transition se fait sous forme d’un tuilage confortable et sécurisant, tant pour le jeune que pour les acteurs d’aides et de soins concernés. 

Une fois de plus ces réflexions doivent bénéficier d’une mise en œuvre dans la transversalité, l’interdisciplinarité, l’inter-institutionnalité. 

Le saucissonnage actuel est schyzophrénogène tant pour les jeunes que pour les personnes désignées pour les accompagner. 

Luc Fouarge

Une réponse sur « Jeunes majeurs, transition périlleuse »

Merci Luc pour cet article d’un sujet auquel il faut accorder plus d’importance..Bonne année 2022 à toi avec une bonne santé.Lionel Deniau

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