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IMP 140 Non classé Protection de l' Enfance

Passage à l’acte du personnel

Les agressions physiques et/ou sexuelles d’éducateurs.trices, sur des enfants, des personnes porteuses de handicap créent de véritables explosions volcaniques dans les lieux d’accueils. Il n’est pas rare qu’elles viennent après de longs silences au sein des équipes. Ces épisodes sont destructeurs pour l’enfant, la personne victime, mais aussi pour l’équipe, pour le service. La question de la responsabilité, des « comptes à rendre » précipitent toute l’équipe dans des émotions bouleversantes, chargées de culpabilité. 

Nous devons anticiper ces risques. Il faudra échanger sur les « invitations » des jeunes à reproduire des rencontres et immanquablement évoquer les « résonances » misent au jour chez des collaborateurs qui n’en ont pas encore la perception. « Je peux voir de toi ce que tu ne peux voir de toi, je t’en fais cadeau ».

Un échange indispensable pour sortir du trop de retenue, de l’excès de promiscuité. Il n’est pas rare que le jeune qui vécut jadis une forme d’abus, un climat incestuel « demande » une proximité physique très proche pour mieux contrôler l’adulte pourrait l’insécuriser.

Exercer une tiercité circulante au sein du service protège cette relation, le jeune et l’adulte qui l’accompagne également. Ceci suppose un travail sur la culture institutionnelle qui « autorise » cette rencontre particulière entre équipiers, proche et soutenante, dans la multidisciplinarité… dans la bonneveillance… alors, se construit la thérapie institutionnelle et le service passe de l’action éducative à la clinique éducative. Acceptant ainsi, que c’est à partir de là que l’on peut commencer à parler de la « clinique ».

En l’absence de cette culture, la relation éducative est livrée à la « sauvagerie » du jeune                    et de l’adulte, et parfois même de toute l’institution.


Ces questions, si elles ne se parlent en équipe pluridisciplinaire, risque de mettre tant d’énergie à se calibrer sur celle de la « bonne distance », préoccupation qui pourrait bien nous mettre au travail avec des « retenues » dans l’amour qui seront perceptibles. « Je pue, ou quoi ? »

C’est donc bien cette qualité d’échanges dans l’équipe qui nous préserve d’éduquer avec une économie exagérée de gestes, et de proximités « sauvages » qui tenterait ainsi de gérer la question de l’amour.

Luc F.

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IMP 140 Non classé Protection de l' Enfance

Crises, climatique, covid…

Impact sur les jeunes endifficultés et sur les professionnels et services qui les accompagnent

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Commentaires

Réfléchir, débattre, penser, se questionner, se mettre en question…ce sont aujourd’hui des luxes que très peu peuvent s’offrir et certainement pas ceux qui sont en première ligne.    L’heure ne me semble plus être au débats.  Les travailleurs sociaux sont au niveau des poilus des tranchées de Verdun.    De la chair à canon! Une AS, ASE, expérimentée, en charge du suivi de placement.

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IMP 140 Non classé Protection de l' Enfance

Institutionite, affections iatrogènes

Quand l’« institutionnalisation » devient symptômes.

Quand le corset se resserre pour protéger la machine institutionnelle. 

Si cette question fait l’objet d’un travail permanent dans le service d’accueil et d’hébergement d’adultes porteurs de handicap mental, d’enfants placés, dans les secteurs du psychomédicosocial et/où de la protection de l’enfance ou vous travaillez, alors inutile de lire cet article.

Ici, nous évoquons les dégâts que causent ce phénomène de dérives institutionnelles non-évaluées comme telles. La personne « institutionnalisée » s’adapte, se sur-adapte à une culture institutionnelle abandonnant ainsi une partie de son potentiel de croissance. Nous verrons que symétriquement il en va de même pour le personnel. Écoutons déjà le vocabulaire « admis » dans le service pour adultes qui, par exemple, évoquera les filles, les garçons, les gars et les gamins… voilà déjà les personnes minimisées, même si vous y trouvez des accents gentils. Les voilà confirmées d’entrée de jeu dans une réduction de ce qu’elles sont et le personnel situé dans une posture d’autorité. Les filles et les gars perdent le statut de personne, elles sont d’une autre catégorie, elles perdent ce qu’elles ont de commun avec les intervenants, d’être des personnes. Les uns et les autres se figeront dans cette posture. La rencontre sera inégalitaire, dans une recherche de maintenir le connu, dans l’évitement de la recherche d’un soi nouveau. Ainsi se cristallise l’institution dans une homéostasie « tranquillisante ». 

Tranquillisante parce qu’elle prolonge le vécu antérieur de la personne, le passé reprend forme avec les nouvelles personnes qu’elle rencontre, comme dans un tango qui les harmonise sur le non-changement. Et voilà que les soumissions, les humiliations et si besoin en est les violences perdurent et maintiennent dans le connu, dans le contrôlable.

Ce qui s’est inscrit précédemment comme symptôme, ce qui freine le développement harmonieux, ce qui fait partie de l’économie relationnelle, le prix de « j’existe à tes yeux » se réinscrit insidieusement dans les relations à l’intérieur de l’institution. Si ce processus sans doute inconscient s’installe c’est sans doute parce que cette dimension systémique est tue parce qu’elle force de tranquillisant. 

C’est dans l’exercice d’une responsabilité partagée avec la personne, sa famille, l’institution avec son évaluation interne et externe (les auditeurs de l’administration) que ce risque, très humain, pourra être minimisé et que pourra se libérer le pouvoir d’agir des uns et des autres, assurant ainsi la croissance des personnes accueillies et des personnes à qui on les confie. En arrière-fond, la quête de sens, celle-là même qui, absente, conduira aux omertas, aux burnout, aux violences… et dans une douleur, exprimée ou non, dans une quête dérisoire d’être reconnu. C’est sans doute dans cet espace qu’il sera utile de comprendre l’absentéisme et les défections.

Dans cette optique, nous observons comment s’installe cette forme de symétrie entre les accueillants et les personnes, entre les familles et l’institution, avec le regard sans doute discret d’une administration assaillie par les doléances sur les moyens qu’elle peut mettre à disposition des services. Une symétrie qui résulte d’un accord secret sur le maintien en l’état des potentialités de ceux qui travaillent ou séjournent dans le service.

S’y joue, de façon inconsciente, le maintien de la personne dans le service. Pour des raisons économiques parfois, et pour assurer un accueil « paisible » le plus souvent. Cela pourrait priver la personne d’accéder à une unité de vie qui pourrait l’amener à développer davantage de compétences.

Ces services, en ce y compris les familles, font peu appel aux groupes d’autoreprésentation qui existent hors des services dans le secteur associatif. Les échanges, les prises de paroles, les prises de conscience dans ces groupes pourraient y faire naître des désirs de se développer, de s’augmenter et ainsi entrainer des questionnements, des bouleversements dans le service et dans la dynamique familiale. 

A la symétrie évoquée s’ajoutent les difficultés dans la mise en œuvre de l’inter-disciplinarité dans le service. Comme dans les conflits dans la famille, dans le couple, il n’est pas rare que les éducateurs fassent obstruction aux regards des autres disciplines dans leur service et…vice et versa, dans des conflictualités « sourdes » dont les uns sont responsables au regard des autres. L’exercice de la tiercité, le regard croisé sont freinés, chacun cultivant dans son coin ses certitudes. Ainsi, l’éducateur, le psychologue se trouvent privés du regard tiers que son équipe, son institution, les services partenaires pourraient exercer sur eux. 

Dans un tel climat, il sera bien difficile d’élaborer un projet personnalisé du service au profit d’une personne. Chacun justifiant, bien inconsciemment sans doute le renoncement à grandir, à sortir de sa zone de confort.

C’est alors que le corset enveloppant la personne se resserre. La disqualification des potentialités de créer du nouveau par la personne, soutenue par une équipe s’éteindra, elle s’installera pour le confort de tous dans une forme de « chronicisation », « institutionnalisation » pour le confort du personnel, de la personne et de sa famille, les « choses restant en l’état ».

Nous évoquions le vocabulaire utilisé pour s’adresser aux personnes. Insidieusement, d’autres attitudes confirmeront celles-ci dans une forme d’intérêt à retenir l’expression de leurs ressources, dit plus simplement, elles y entendront que la mise en sourdine de leurs désirs et besoins est de bon aloi.

Aux toilettes des pensionnaires, les rouleaux de papier toilettes ont été supprimés, peut-être parce que l’une ou l’autre personne en faisait mauvais usage, gaspillage, bouchage des WC… les voilà donc contraintes, toutes adultes qu’elles soient, d’aller solliciter une ration de papier auprès d’un autre adulte identifié membre de l’équipe ! oui, c’est dans le détail que se cache l’humiliation qui « asservira » la personne. 

Un pensionnaire, dans une bousculade à l’entrée du réfectoire, se fait reprendre comme un petit turbulent par un de ces adultes pro qui expriment durement, en haussant le ton comme pour se garantir l’autorité nécessaire pour « accueillir » la centaine de personnes qui s’y précipite. Et voilà un des rares moments de plaisirs de la vie institutionnelle devenu éprouvant. Mais cette dernière personne compte bien se faire entendre, un début d’escalade dans le ton et le choix des mots débute. Le chef educteur dont les consignes au personnel sont rigides s’approche et fait taire la personne par un coup placé au plexus qui fait taire la personne. Le calme revient illico, et les jeunes éducateurs du service se tairont sur cet exercice d’autorité lors de la prochaine réunion. Peut-être même y verront-ils l’exemple de ce qu’il convient de pratiquer à l’égard de certaines de ces personnes pour que le troupeau s’avance calmement vers son assiette. Pour quelques personnes, c’est la gorge serrée qu’elles déglutiront.

Ainsi le service, ici dominé par une culture éducative transmise par un ancien, fort d’années d’expérience crée un climat aux allures paisible dans un climat de frayeur.

Ces exemples de quotidienneté, camouflée derrière des mots et des gestes infantilisant se retrouvent autant dans des collectifs d’adultes que dans des services destinés aux enfants. Les gros bras régissent l’ambiance sans avoir à hausser le ton… et tout le monde sera bien gardé.

Familles, auditeurs externes n’ont pas accès à ces modes opératoires qui opèrent dans la culture institutionnelle. Il est évident que dans la structure les choses ont été nommées tout autrement, « le bénéficiaire étant bien sûr au cœur des préoccupations de l’institution ».

Dans ces services dont nous espérons qu’ils se fassent rares il n’existe pas de lieu d’échanges, d’évaluation interne, de liberté de paroles qui permettraient que la mesure en soit prise et que les cadres soient en mesure d’apporter les aides dont les équipes ont besoin pour que soient épargnées les personnes. Cette privation d’expression existe autant du côté des personnes que du côté des adultes « encadrants ». Il manque de regards extérieurs, il manque de cette qualité d’échanges que pourraient s’offrir les professionnels, signalant dans la bienveillance que tel ou tel est en difficulté pour aborder telle problématique. Privées de ses regards dans la bonneveillance le personnel retourne chez lui bien des fois en apprenant petit à petit à taire ce qu’il observe pour lui et/ou pour son collègue. Des dérapages malsains s’installent insidieusement, et chacun s’y adapte. 

Cette adaptation limitante devient symptôme, tant côté personnel que chez les personnes accueillies. Une « alliance » secrète entre famille, personne, personnel, institution… risque de nous maintenir dans le non-changement.

Luc Fouarge

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Non classé Société

A l’école, au collège, en famille…lire le conte des chaudoudoux de Claude Steiner

Dans ce village épargné du modernisme les gens vivaient heureux et en bonne santé. L’observateur regardait ces gens s’offrir sans compter des « doudouces » qu’ils sortaient d’un sac qui jamais ne se vidait. Intriguée une féepsy tente d’y installer une consultation. Les gens l’accueillent bien comme ils le font avec tout un chacun, elle reçoit elle aussi profusion des doudouces… mais personne ne se présente à sa consultation.Dépitée elle s’adresse à un homme qui contemple avec ravissement son épouse distribuant généreusement ces précieuses gentillesses.

La féepsy se penche vers l’oreille du mari et lui suggère qu’il devrait craindre qu’à tant distribuer elle pourrait en manquer pour lui et ses enfants. Mais non dit-il, nous vivons ainsi depuis toujours, et nous n’avons jamais manqué. Elle revint le lendemain et insidieusement relança son interrogation qui mina l’homme.Il invita sa femme à plus de parcimonie, à une dose de retenue. D’abord surprise, elle commença à compter ces dons pour les réserver à son mari et ses enfants. Elle était moins gaie, et les enfants se mirent en compétition pour obtenir ses gestes tendres et aimants. Le bruit s’était répendu dans les rues du villages. Les gens remplaçaient les doudouces par des gestes et parfois même des mots désagréables. La consultation ne désemplissait pas. Les enfants devenaient malades et s’échangeaient beaucoup des gestes accompagnés de mots désagréables. 

L’un d’eux dit qu’il se sentait malheureux, un mot qu’ils n’avaient jamais entendus. Inquiets, états qu’ils ne connaissaient pas ils décidèrent de tenir un conseil à l’insu des parents. Le plus ancien de ses enfants se souvenait de cette époque où jamais les mots maladies, souffrances ne se prononçaient. A l’analyse ils se souvinrent qu’il était question d’un époque de bien avant l’arrivée de la fée qui s’enrichissait.Il décidèrent de la chasser. Il se mirent à imiter les parents de cette époque où le mot malheur ne se prononçait pas chez eux. Ils échangèrent entre eux des doudouces sans compter. Ainsi ils « contaminèrent » les parents qui petit à petit imitèrent les enfants.Le village retrouva sa beauté, les maladies disparurent, les enfants jouaient, le village de la joie s’échangeait à nouveau des doudouces qui jamais ne venaient à manquer.

Selon le conte des chaudouxdoux de Cl.Steiner

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Empowerment et Protection de l’ Enfance

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Ecole, des copies conformes

L’école impose aux enfants penseurs en images, en films à utiliser les processus d’idéations des penseurs en mots qui sont majoritaires dans les classes (R. Davis). Enseignants, parents, politiques, PO, méconnaissent l’apport de cet auteur du « don de dyslexie ». Une ignorance qui envoie des enfants dans l’incompréhension de ce qui se passe à l’école vers l’enseignement spécial, les logopèdes ignorants cette approche, vers les comportements que l’on diagnostiquera rebelles, caractériels… ceux qui sans comprendre eux mêmes leur différence souffrent sans identifier la nature de ce qui les conduit à l’exclusion. Ils vont ainsi se heurter aux murs pensant à tort que c’est leur nature, leur être qui est mis au banc, qu’ils ne sont pas bons, qu’ils sont irrémédiablement impropres à la scolarité, à l’intelligence, à la relation. Ils seront nombreux dans les salles d’attentes des orthophonistes, des psy… quelques uns seront apaisés par des médications, des drogues…d’autres encore s’essayent dans les établissements spécialisés et parfois, se feront enfermer dans des hôpitaux ou en prison. Il n’ont jamais pu, obtenir le sourire du professeur qui échoue à en faire des copies conformes.

La #dyslexie n’est pas vue comme processus de pensée efficace, rapide qui ont conduit des personnes à une productivité intellectuelle brillante….Einstein, Michelange… mais comme un handicap qui rend la participation à l’école difficile parce que l’école ne les connait pas, ne les reconnait pas. A ce processus d’exclusion ces enfants répondent par des stratégies de compensation parfois heureuses, trop souvent pas. La pédagogie porte en elle le facteur exclusif contre lequel elle est censée lutter pour donner à chacun une chance égale de participer avec bonheur à la vie en société. Luc F.

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Le devoir d’attachement à l’enfant « placé »

Le devoir d’attachement à l’enfant « placé »: Le vivre pour mieux se séparer.

Comme un objet que l’on déplace. Les éducateurs, les travailleurs sociaux peineront dans un travail de subjectivation dès lors que les représentations en cours font de ce jeune un objet que l’on place et déplace, justifié ou pas, nous travaillons avec le vécu. « Placé » renvoi à l’objet.

L’élément essentiel d’une clinique éducative est le lien. Plus l’enfant est jeune et plus il est nécessaire de lui offrir cet ancrage relationnel. S’offrir à être pole d’attachement est la condition indispensable pour que le jeune enfant puisse se construire psychiquement, pour qu’il devienne et se sente être une personne. Ce lien doit être aimant, protecteur et inscrit dans une permanence. Il sera efficace pour autant qu’il inclut les affects, en ce y compris de l’amour.

Hélas les fantômes, des rationalisations limitent encore cette reconnaissance des affects dans la relation éducative. On y dit encore qu’il convient de mesurer l’ attachement en raison d’un départ ultérieur de l’enfant. Et, attention à ne point trop les aimer. La bonne distance fait toujours paravent à l’attachement. De qui cette vision prend elle soin ?

Or les théories de l’attachement disent bien que mieux on est attaché, mieux on quitte. Lorsque l’enfant nous quitte, l’attachement ne disparait pas avec lui. Lui et nous le vivront autrement, si nous le lui avons appris. Il est étayé de cet attachement. Il est à craindre que ces rationalisations brident l’ouverture émotionnelle des adultes bien plus que nécessaire et que l’enfant le ressente. Il se sentirait en devoir de limiter sa quête, ou de combler ses besoins par des stratégies inconscientes qui, répétées, seront lues comme symptôme. La séparation est en jeu dès que nous lui disons bonjour.

Soyons ce pole d’attachement pour qu’il expérimente une autre façon d’être envisagé et mieux équipé pour nous dire au revoir.

Luc Fouarge

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S’ « équiper » pour rencontrer l’autre

 

La découverte de  l’autre n’est jamais neutre. Elle s’alimente des résonances[1].

Nous vibrons à l’étrangeté, à l’altérité, de façon différente en fonction de nos expériences, de nos rencontres, de la culture de notre famille… « Notre référentiel » qui parfois s’impose à nous, sans que nous en soyons conscient.

Il en est de même pour la personne qui s’adresse à nous.                                                                Elle nous découvre entre les représentations que notre profession véhicule et ses émotions qui nous chatouillent à notre insu.

Une mélodie inconnue s’impose différemment à chacun dans cette rencontre qu’elle  favorise ou qu’elle brouille. 

Si nous y sommes  sourds et aveugles l’écoute sera  parasitée. L’étrangeté de l’instant s’empare alors de la personne comme de nous-mêmes. 

Ces tonalités émotionnelles nouvelles  affectent nos observations et compréhensions de la personne. Elle même pourrait bien s’adapter, se sur-adapter aux échos qui sonnent en nous. 

L’altérité, cette capacité d’être présent à l’autre, dans une écoute empathique s’en trouve troublée.

L’autre n’est plus tout fait l’autre, il est augmenté ou diminué, de ces projections de nous-mêmes, que nous lui collons.

La suite de la rencontre en sera encombrée, ou pas, selon la focus, tiercité, que nous  recevons, sollicitons … dans l’intervision, la supervision. 

La co-animation peut nous protéger  d’un enlisement avec la personne dans cet évènement relationnel tout naturel.

Dans une relation d’aide qui s’installe sur cette base nous pourrions nous      questionner sur:

Qui aide qui ? Qui prend soin de qui ? Comment participons-nous au non-changement ? Cette éthique de l’accompagnement est d’abord  à charge de l’institution. Dans la plupart des cas, les professionnels interviennent dans des services institués. Une institution missionnée pour intégrer, au mieux de ses compétences, la personne à participer à la hauteur de ses qualités à la vie sociale, à piloter sa vie avec bonheur. 

Faire institution c’est aussi offrir à chacun de ses membres la bonneveillance qui les conduit au succès. L’exercice d’une saine tiercité à l’interne du service garantit cette dimension éthique de la relation d’aide. Démarche qui s’impose pour faire institution qui ne dispense pas des devoirs que chacun doit à l’exercice d’une telle mission.

Cette dimension, parce qu’elle peut mettre les partenaires en délicatesse, est régulièrement inexistante ou sacrifiée sur l’hôtel des politesses qui règnent dans les relations professionnelles comme dans la vie. 

Luc Fouarge


[1]Mony Elkaim

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IMP 140 Non classé

« Discuter » la place de l’éducateur dans l’IMP 140 (ITEP), une nécessité de la construction du soin.

L’IMP 140 est encadré par de nouvelles règles qui permettent de répondre davantage aux besoins d’un jeune et de sa famille. De l’accueil résidentiel, de l’accompagnement en famille, des interventions séquentielles dans l’ordre et la durée qui correspondent aux besoins du jeune et à sa famille. Des modalités de prises en compte qui s’efforcent de s’adapter aux besoins. Nous mettons ces pratiques en oeuvre depuis longtemps, les règles (mesures d’accompagnement puis POI à l’ AviQ, code « M » en AAJ) le permettaient déjà.

Aujourd’hui, malgré l’« ingénierie » qu’instaure le système de subvention « à points »,  l’IMP est invité à adapter le parcours du jeune dans son service en lui permettant de bénéficier de ces différentes modalités en fonction de ses besoins et des compétences de sa famille. Une volonté d’assouplissement motive ces changements de cadre.

Ces vents nouveaux sortent les interventions de l’éducateur de la seule préoccupation d’harmoniser au mieux la vie de jeunes en difficultés en collectivité. Tâche noble et bien difficile. Jadis il lui était demandé une grande maîtrise de soi, une aptitude au commandement et des dons d’animateur polyvalent.

Le centrage sur les besoins des jeunes, l’écriture du Projet Personnel ou du projet thérapeutique Individuel en équipe pluridisciplinaire invitent à passer de l’action éducative à la clinique éducative. La question du soin devient centrale, elle interroge la place de l’éducateur dans le projet élaboré par l’ équipe dans le plan de traitement.

La pratique de la thérapie d’ambiance, de la thérapie institutionnelle  m’a amené, il y a bien longtemps, à positionner l’éducateur, par la pratique du quotidien, comme le porteur du message thérapeutique élaboré en réunion clinique, réunion de synthèse, réunion de cas… au « nom » du service.

Ce message s’élabore dans l’interdisciplinarité du service voulue par l’AViQ.  Cette rencontre métabolise les ressentis, les observations, les résonnances de chacun entendues, accueillies dans une valeur diagnostique. Il en ressort des lectures empathiques, triangulées, qui indiqueront les messages soignants que distillera l’équipe à destination du jeune en difficulté.

La quotidienneté, la rencontre autour des besoins fondamentaux,  posent l’éducateur dans une relation transférentielle.  Cette relation de soins « basiques » fait de lui le porteur du message thérapeutique du service . Il partage des  instants privilégiés qu’offre cette proximité particulière. A titre d’exemple, le  fait de se poser sur le lit au coucher, juste avant d’éteindre la lumière, en posant la main sur l’épaule du jeune au dessus de la couette, les mots proposés viennent rencontrer un besoin, une demande dans l’ instant de fragilité qu’est l’endormissement parfois douloureux de l’enfant.  Instant qui réveille chez les jeunes des absences, des carences, des manques, de l’indifférence…..

Le « travail en chambre », en équipe, grâce à une saine tiercité circulante, interdisciplinaire permet à l’éducateur de nourrir son intervention de cette dimension soignante que le service doit à cet enfant blessé. Un instant qui se débarassera progressivement des méconnaissances de l’enfant et de l’éducateur sur le vécu angoissant que peut représenter l’instant qui précède l’endormissement.

En aucun cas, ce regard sur le métier d’éducateur spécialisé n’exclut les acteurs du service de participer chacun dans leurs pratiques spécifiques à distiller d’autres messages soignants.  Bien au contraire, d’autres « métiers » participeront à aider le jeune à démêler les liens, à dénouer et libérer sa relation à l’éducateur des émergences du passé dans la rencontre avec son éduc.

Et si l’éducateur soutient les interventions de l’équipe pluri, l’accueil qu’en fera  le jeune sera d’autant plus « puissant » que l’éducateur « l’autorise » quand il partage sa réjouissance de voir le psy ou l’AS, la psychomot ou le psychotérapeute réussir avec le jeune une rencontre, et bien entendu,  vice et versa.

Il est donc question d’ « équiper » l’éducateur pour qu’il soit porteur de la puissance thérapeutique du service. Je n’évoque pas une conquête de reconnaissance professionnelle, j’évoque le soutien qu’il recoit pour la charge que représente quotidienneté et travail en groupe, deux composantes qui rendent son intervention si particulière et si forte, si joyeuse et si le métabolisme institutionnel, interdisciplinaire ne fonctionne pas,  si douloureuse.

Le service « équipe » l’éducateur pour que celui-ci passe de l’action éducative à une clinique éducative. Dans ce « faire équipe », l’éducateur ne manquera pas de soutenir les relations soignantes que le jeune rencontre dans l’interdisciplinarité qui lui est offerte.

Educateur en IMP 140 est donc bien autre chose « parentale » substitutive centrée sur la protection, la permanence, la permission. C’est aussi l’acceptation d’une transformation permanente, sous le regard bienveillant du service, qui offre au jeune l’opportunité de modifier les messages toxiques, ingérés auparavant.

Le jeune ne s’y autorisera que s’il expérimente la bonneveillance que l’éducateur partage avec son équipe « pluri » à l’égard de sa famille, particulièrement si celle-ci s’est montrée critiquable au regard de la justice. Un regard qui différencie la personne de son comportement.

Luc Fouarge

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IMP 140 Non classé Protection de l' Enfance

États d’âme dans le secteur psychosocial

L’émoi de l’aidant et de son service. ( Aux petits soins de nos émotions pour prendre soin de l’autre)

Les états d’âme se mêlent à la conversation dans le travail psycho-médico-social. L’émotion prend place qu’on le veuille ou non. La relation d’aide et de soins psycho-sociaux s’exerce le plus souvent dans des services institués, en équipe. L’émotion pourrait bien devenir gênante dès lors qu’elle est s’immisce dans la réunion clinique où les rationalisations règnent et mettent ou permettent la distance entre les participants, entre eux et le client.
La bonne distance se mesurerait par la maîtrise émotionnelle du participant. Si cette maîtrise fait défaut on vous dira que vous êtes trop impliqués. L’émotion serait cécité.

Si on y prend garde, c’est dans cette absence à soi qu’il faut être présent à l’autre. Comme être à l’écoute en fermant les écoutilles face à ce client qui peut être préfèrerait qu’avec lui on sourde ses émotions.

Dire son émotion serait donc une forme de faiblesse, de fusion avec la personne aidée, confusion donc.
Il faut donc taire son émotion. C’est en tout cas ce que semble véhiculer la professionnalisation de la relation d’aide. Il serait donc question d’aider la personne en souffrance « sans peine ».

L’état d’âme ne serait donc pas un signe pertinent d’une lecture clinique. Le travailleur social serait donc un a-émotionnel aux fins de ne pas contaminer la personne, ni être contaminé par elle.
La culture professionnelle ménagerait-elle ainsi le travailleur social, répondrait-il ainsi à une « commande » homéostasique. Cette distance émotionnelle servirait-elle le non changement et la dépendance à l’aidant.

Le « modelling » voudrait que par la palette de l’expression des émotions que l’aidant donne à voir, il « permette » à son client de ressentir , puis peut-être d’exprimer les siennes.

Cette croyance ne s’est elle pas installée dans les équipes en difficultés dans l’exercice de la tiercité qu’elle doit à son équipier. Une saine tiercité circulante dans l’équipe de travail exige de ses membres de se départir de la frilosité émotionnelle qui régit les rapports humains dans les équipes de travail. Elle accède à l’intime, à la fragilité du travailleur psychosocial.

Soutenir, contenir le processus de métabolisation de l’émotion du travailleur social, à l’heure ou se prescrit la bientraitance institutionnelle, ou se décline la prévention des risques psycho-sociaux des métiers du psychosocial repose prioritairement sur cette offre de l’equipe, de l’institution à son collaborateur.

Il nous faut mesurer cette question à l’aune du concept de résonance. Cela s’impose à la profession comme la question du transfert. Cela va de soi, cela se déroule qu’on le veuille ou non. Et c’est bon signe pour autant que l’institution l’accepte et se donne du temps pour en faire la lecture. Cette fonction soignante de l’institution sera déterminante dans le succès du service rendu. Un temps de travail aussi nécessaire que les gestes de désinfection auquel se livre les chirurgiens avant d’entrer en salle d’opération.

Il serait donc question que l’accueil réservé à l’émotion de son employé porte en soi le soin qu’elle destine à son client par phénomène de cascade. Cette rencontre du travailleur social avec son équipe est donc un temps de travail comme le temps passé par le chirurgien dans le sas de désinfection.
Mais il ne suffit pas qu’il y ait réunion pour que ce processus de soin qui engage à se dire et à recevoir, qui engage à donner… il faut qu’il y ait une réelle rencontre menée par une équipe contenante ou les concepts de don et de contre-don ont cours. Un accueil qui nécessite une formation ad hoc pour la personne qui en est en charge.

Une professionnalisation qui se heurte aux logiques gestionnaires qui menacent les institutions. « Plus, avec moins »… avec moins de réunions, avec moins de temps pour permettre à l’émotion d’apparaître dans l’exposé d’un cas.

Le contrôle émotionnel, pente naturelle sur laquelle dérape les professions du psycho-social trouve là un allié pour justifier qu’il faut laisser l’émotion au vestiaire. Et la logique gestionnaire rencontre et soutient la résistance à laisser voir ses émotions. Les compressions budgétaires et celles du temps d’intervention ne laisse pas de place pour la métabolisation des émotions sous le regard tiers et bienveillant de l’équipe.
Il faut craindre que l’institution, ambulatoire ou résidentielle, contrainte à économiser sur le personnel commence par passer la râpe dans le temps de travail que l’équipe passe à la régénération, à la formation de ses membres.