Un éducateur spécialisé d’un service résidentiel, relevant du secteur psycho-médico-social, de type ITEP en Belgique, partage avec moi son inquiétude face à l’application de directives de régulation de contacts entre mère et fils. Celle-ci appelle chaque jour. En cas de refus, les manifestations de détresse (ou autre chose, émotions vites nommées) sont impressionnantes. « Il faut discipliner cette mère, c’est deux appels par semaine maxi »
La « machine » institutionnelle asphyxie la réflexion. Cette maman répond peut-être davantage à ses besoins qu’à ceux de son enfant (?). Dans cette hypothèse, l’enfant devient l’objet de la mère. Nous avons pour mission de l’aider à construire cette rencontre mère-fils pour que celui-ci devienne sujet, et donc, que plus tard il grandisse non-dépendant, libre. L’attitude de l’équipe, ainsi décrite, renforce le lien dans la douleur qui « impose » de prendre soin de l’autre, soit l’inverse de la clinique éducative et renforce l’équipe dans la menaçante toute puissance. Pour s’en sortir par le haut, accueillons cette maman pour lui apporter l’aide qui réponde à ses besoins (libérant par le même coup l’enfant) et à ceux de son enfant. Veillons à faire en sorte que chaque partie participe à la réflexion sur la meilleure façon de répondre aux besoins de l’enfant, hors de toutes tyrannies. En nous arrangeant pour que la maman prenne une place prépondérante dans cette recherche de régulation des contacts, d’une distanciation où chacun se sent protégé, reconnu, aimé et garantissons que dans ses légitimes tristesses l’enfant sera bien accueilli. Y faire participer l’enfant, honore et encourage sa capacité de penser, le rassure sur la bonneveillance de l’équipe à l’égard de sa mère et lui ouvre la porte vers sa propre vie.
Luc Fouarge
PS: ce problème est connu également dans le placement familial