L’éthique est ce regard que l’Homme porte sur lui-même dans son rapport à l’autre, au vivant et à la terre qu’il habite au profit d’un mieux-être de tous.
Ce que nous créons ne peut porter ce regard. L’usage de ce créé sera ou ne sera pas éthique.
La relation d’aide et de soin est éthique si elle veille à épargner l’accompagné de notre volonté de le rendre conforme. (à nous, auto référencement).
Est éthique l’institution qui met en priorité les besoins de ses accompagnants à en faire l’examen dans la bonneveillance de son équipe.
Ainsi elle donne le temps, la « contenance » à ses agents pour qu’ils s’équipent du regard tiers de son partenaire de travail, son équipier, dans une culture relationnelle qui exerce une tiercité circulante.
Cette position éthique autorise le geste soignant. Elle permet l’exercice d’une humanité respectueuse du pouvoir d’agir de la personne rencontrée.
Ceci posé, nous pouvons nous autoriser à penser la mission, ses objectifs, ses moyens, ses limites, son évaluation avec les personnes concernées. Le financeur doit veiller à ce que l’opérateur n’inverse pas les priorités et le soutenir dans cette première étape. L.F.
L’EFFILOCHÉ… HÉRITAGES, ATTACHEMENTS ET CONSTRUCTION PERSONNELLE
Comment se faire aimer, quand s’entremêlent les fils de l’histoire avec ceux que l’on tente de tisser aujourd’hui. Fidélités, prudences, vertiges…et résonances
C’est au milieu des personnes en charge des soins que l’enfant se confronte à la première question existentielle.
Comment s’y prendre pour être aimé. Question qui puise ses réponses dans la permanence, la protection des soins quotidiens.
Avec son équipement , il observe le monde qui l’entoure. De son fonctionnement il tire les premières leçons. Quelques-unes deviendront des “croyances”. Celles-ci filtreront, orienteront ses intérêts, ses rencontres, les idées qu’il se fait de lui-même et des autres.
Dans un milieu serein, stable il découvrira l’amour inconditionnel, “Tu es aimé tu n’as rien à faire de particulier pour cela, il te suffit d’être”
Dans un climat anxiogène, au hasard de ses observations, il s’installera dans des conduites qui le ménagent, qui lui procurent quelques retombées, positives ou négatives, des contacts froids et peut-être même violents. La discrétion dans la manifestation de ses besoins lui permettra peut-être d’éviter des coups, “moins je demande, moins je suis vivant plus j’ai de chances de recevoir des soins” ou, “le soin ne vient que si je crie, que je hurle” J’évoque ici un héritage qui ne se reçoit pas mais qui se construit par des tentatives plus ou moins heureuses aux effets plus ou moins structurants, aimants ou destructeurs.
Sous cet angle il ne s’agit pas d’un acquis transmis mais d’une construction psychique précoce qui sera déterminante pour les pas suivants.
Les analystes transactionnels évoquent un ensemble de “décisions” prises par le petit en quête d’adaptation à l’entourage dans lequel il est projeté avec plus moins de chances. Ce regard sort du concept de l’héritage. Ces psychothérapeutes aideront la personne à retrouver le contexte et le contenu de ces décisions et soutiendront chez elle un travail de redécision. Une rencontre qui rend le pouvoir à la personne qui consulte. Dans sa rencontre avec le petit en soi, qui dans un contexte donné a pris ces décisions pour sa survie. Les ”erreurs de pensées” qu’il aurait pu commettre méritent la compassion à l’égard de cette personne qu’elle est devenue aujourd’hui et qui tente de mettre du confort dans sa vie. La thérapie dans ce cas s’appuie sur l’ “intelligence” qu’eut en son temps l’enfant pour grandir dans son monde. Revisiter croyances et décisions, redécisions élargiront le champ des possibles de la personne, l’aideront à aller vers des personnes qui ne seront plus choisies pour leurs possibilités de confirmer le système de croyances limitant, construit précocement. L’héritage familial est aussi cette façon de s’encostumer des attributs caractériels, philosophiques… d’un adulte en charge des soins, mère, père, accueillants familiaux, éducateurs… avec l’intention de rétablir un “équilibre”, hostile ou aimant, qui participe à l’unité du groupe habité. Un héritage qui se construira forcément sur une négation partielle de soi. Elle le rattrapera plus tard dans une forme qui n’est pas lui, qui lui collera à la peau Avec l’aide d’une rencontre psychothérapeutique, il essaiera de s’en défaire.
C’est encore ce moment où l’enfant s’accommodera d’une absence, d’un manque. Un arrangement qui ne supprimera jamais l’attente de l’être “manquant” (au sens où l’utilisait Guy Corneau). Un manque banalisé qui déviera la personne du manque par une quête infructueuse, dans la répétition de souffrance connue et maîtrisée. Là s’insinue le ressentiment tel que développé par Cynthia Fleury dans “Ci git l’amer”. Il installe chez la personne un processus de carence qui devient un bouclier contre le bonheur. Le ressentiment est alors utilisé comme un “fétiche indispensable pour supporter la réalité” (C. Fleury).
L’art de la relation d’aide consistera, entre autres, à ne pas entrer dans ce système de croyances limitant, à éviter de répondre aux invitations symbiotique, scénariques auxquelles la personne attire l’intervenant soucieux de l’aider. Les attitudes contretransférentielles des éducateurs, des psy… deviendraient des confirmations de ce que bien inconsciemment la personne tente de maintenir en l’état comme système de croyances. (Homéostasie)
Là, intervient l’institution qui emploie le travailleur social ou le psychothérapeute. Parce qu’à cet instant il pourrait bien glisser dans les « résonances » (Elkaim)
La série psy télévisée à admirablement montré comment le psy risque de devenir partenaire de son client. Le rejetant, s’en approchant “trop” ou mal… la superviseuse, fait tiers. L’un et l’autre, même s’ils se combattent, savent que ce passage est tout à la fois humain et normal, et que l’exercice de cette tiercité est techniquement et éthiquement nécessaire à la relation soignante, aidante.
Les familles de la protection de l’enfance que j’accompagne dans le cadre de guidance familiale mérite que l’institution mandatée pour les “suivre” exerce cette indispensable tiercité. Parce qu’elle est ainsi garante du soin apporté à la famille qu’un magistrat lui confie et parce que le personnel qu’elle emploie doit être protégé du risque de s’enfermer dans les résonances, dans les invitations symbiotiques des familles. Le risque est que le TS entretienne à son insu l’homéostasie à laquelle l’invite la famille, auquel cas nous devons nous attendre à des placements de longues durées, soit, le travailleur social se prépare au burn out. Le turn over dans les équipes ASE et AEMO en témoignent.
La quête d’innovation, vécue comme incessante par les équipes sociales, ressemble à de l’agitation pour juguler les angoisses des acteurs de la protection de l’enfance.
Mettre dans les priorités de l’institution l’exercice de la tiercité en son sein rencontre les résistances tant des cadres que des intervenants. Il s’agit d’un changement de culture institutionnelle qui bouleverse les rapports sociaux habituels.
Une telle vue demande une formation des cadres capables de s’ouvrir à cette dimension de la relation d’aide et une reconnaissance des agents d’opérer mieux, grâce aux regards bientraitants des pairs.
Rencontrant les familles d’enfants placés dans un contexte de co-formation parents/pro, je sais combien les relations ont tendance à s’inverser. Les familles restent dans la méfiance et développent de l’expertise à ressentir, deviner, diagnostiquer les besoins de l’intervenant désigné pour les suivre, grâce à quoi elles se donnent l’impression de donner les réponses attendues. Elles s’illusionnent ainsi sur un raccourcissement de la peine qu’elles endurent tandis que l’intervenant s’illusionne sur la qualité de confiance qu’il établit avec la famille. Ces questions seront prioritaires dans la culture d’intervision qu’il convient d’installer dans les institutions, services et intervenants qui opèrent en protection de l’enfance.
La culture prend place dans cette construction. Sa forme traditionnelle subit les ravages de
“l’évolution frénétique” (Jean François Simonin), via les technosciences, la modernité, les GAFAM… qui s’imposent très tôt dans la vie des enfants et particulièrement des ados qui doivent se construire dans un monde qui se détruit. La construction de valeurs ne suit pas le rythme de la modernité qui s’en trouve peu contenue. Les résultats de la fuite en avant de cette modernité sont devenus visibles, ils sont dominés par l’exploitation des ressources et la production de biens. Depuis longtemps le GIEC déclare que nous allons droit dans le mur. Ce que nous méconnaissons dans une forme de suicidarité mondiale faute de penser et de réguler les modernités. 250 % d’augmentation est le chiffre d’augmentation des consultations (Dr V.Delvenne 2020-2021, pédopsychiâtre, chef d’hôpital à Bruxelles et Professeur). Nous devons aussi penser cette question d’héritage, en la situant dans ce contexte de mondialisation. 4/10 des ados interrogés mettent en question l’idée d’avoir des enfants !
Comme accompagnants, TS, thérapeutes nous devons penser les symptômes dans ce nouveau contexte et penser les réponses dans un cercle élargi aux familles et aux écoles.
C’est dans l’articulation des discours [1] qu’émerge le potentiel thérapeutique de l’IMP 140.
Plus qu’une rencontre, en réunion clinique ou de synthèse… c’est la culture institutionnelle qui y règne qui autorise son élaboration dans une interdisciplinarité qui soutient l’expression de chacun quelle que soit sa qualification. Comme si de la qualité de cette rencontre, la bonne attention aux émois et aux réflexions de chacun était constitutive de ce qui fait soin en institution.
Si dans la bonneveillance[2] les confrontations saines s’échangent, la tiercité indispensable s’exerce. C’est de cette qualité que naît l’action, la parole soignante à laquelle chacun participe dans son rôle. A l’instant où s’exerce ce processus d’Intervision ni le grade, ni la profession, ni la fonction prévalent. Ceci ne dénie en aucun cas l’équipement intellectuel, l’expérience dans la contribution de ce moment d’échange sur les résonances. Un instant où chacun augmente son potentiel soignant.
La clinique institutionnelle naît là où se cultive cette attention à l’autre, cette qualité de donner et recevoir, ou l’équipe met en priorité sur la table les soucis qui la concerne avant de se mettre au travail sur l’observation et l’élaboration d’un projet pour le jeune et sa famille.
L’éducateur reste éducateur, le psychologue reste psychologue… chacun participant au soin institutionnel avec un savoir être augmenté par le regard de l’autre.
Alors, se tisse la clinique institutionnelle.
Luc Fouarge
[1] Luc Laurent – Quel avenir pour les pratiques de soin en institution ? – Champ social, 2017
Prendre en compte les jeunes en « situation complexe » passe par le soin des acteurs et de leurs institutions, en priorité… pour qu’ils, elles, sortent de leur confinement.
Bien sûr cette question de la transversalité est présente dans la pensée des acteurs, des politiques, des administrations, des TE et de la PJJ, le psycho-médico-social et la psychiatrie, de l’école et des familles…tous savent que pour limiter les exclusions, les souffrances, l’ « incasabilité », il faut en passer par elle. Cette transversalité que l’on proclame, que l’on appelle dans les cercles qui accompagnent ces jeunes et ces familles…et, les acteurs qui finissent par perdre l’écoute de leurs émotions, pressés par le temps, les statiques, le rendement social, et le manque d’intervision, de tiercité.
Pourquoi est-il si difficile de penser les politiques entre les niveaux nationaux, départementaux, entre les secteurs santé ARS, protection de l’enfance, Justice, éducation, culture et sport… Le premier soin consiste donc à soigner l’inter-institutionnalité dans ces champs. Généralement les enfants « désignés » se mettent au service du maintien du lien entre les siens par le symptôme. L.F.
j’aime beaucoup cette métaphore des instruments à cordes que vous utilisez dans la rencontre entre deux personnes, entre le client et l’intervenant lorsque vous enseignez votre concept de résonance.
Face à face ils sont comme deux instruments à cordes dont le son entre dans la caisse de l’autre.
Des deux côtés le son en ressort différent, transformé par la caisse de l’autre.
Se crée ainsi une mélodie nouvelle qui nous fait nous découvrir, qui nous augmente si nous écoutons ensemble ce que nous produisons à deux.
Je vis avec ces sons nouveaux.
Mony Elkaim pousse la métaphore plus loin.
La vibration de mes cordes fait aussi vibrer celles de mon client dont le son se modifie et cette nouvelle vibration, en retour, me fait produire également un son que je découvre. Et je me découvre…si je m’exprime et si je suis à l’écoute de moi tout en écoutant la personne devenue ainsi partenaire.
Cette alchimie nécessite l’exercice, l’expérience mais aussi l’écoute et le regard aimant et bienveillant que mes pairs, mes collaborateurs et collègues, veulent bien m’offrir à l’écoute de ces sons qui se sont échangés et transformés.
En passer par les cordes évoque le lien, le son, les émotions.
Le concept de résonance conceptualisé par M.Elkaim en contient d’autres tels le transfert, l’identification, la projection identificatoire, l’engagement le respect, l’humanité, la foi dans l’humanité de l’autre…l’amour et tout un travail de métabolisation qui fait soin.
Depuis la pandémie cette évidence est répétée fréquemment.
Dans les services d’accueil résidentiel, plus qu’ailleurs, ce qui apparait comme une vérité basique, reste bien souvent en rade.
Si le service est accolé à une grosse structure cette carence s’amplifie.
Plus la structure est grosse, hôpitaux, séniories, résidentiels pour personnes, jeunes ou adultes, handicapées, plus les outils de mesure de la rentabilité, les procédures de gestion prennent de la place, plus les écarts entre décideurs et acteurs de soins souffrent de distanciations…plus le « care » est en souffrance.
Il me semble que le care s’alimente, comme par phénomènes de cascade, des retombées du soin que le gestionnaire, le dirigeant, le directeur donnera (prendra) à ses équipiers.
Le « machinement » conduit à un renoncement de soi et de l’altérité, ça va de pair, qui affecte d’abord le « prendre soin », le care, dans le soin. La mise au service de la machine, logiciel de contrôle, d’évaluation quantitative des soins, ne comptabilise pas l’indispensable entourage du soin par cette humanité dans le geste qui le rend digeste.
J’observe que la machine n’est pas un sujet de soin dans les équipes qui se mettent à penser la clinique, happées, sidérées par le symptôme, ses variations d’amplitudes. Je fais ici l’hypothèse, que les personnes accompagnées en prennent inconsciemment la mesure, qu’elles jaugent l’insécurité, l’insatisfaction du soignant et réagissent, comme peut-être ils le firent jadis, en distrayant le soignant de cette préoccupation devenue charge mentale faute d’être lui-même objet de la bonne attention de son institution, sujet d’un « prendre soin » qui rejaillira…ou pas.
Alors oui, amplifions cette découverte qui situe le soignant comme premier sujet de soin de l’institution.
Des lieux « contenants » et soignants répondent comme ils le peuvent aux problèmes de santé mentale des jeunes. Ils sont divers et répondent aux exigences qualitatives et quantitatives d’instances tout aussi diverses des autorités fédérales, communautaires, régionales, provinciales et communales si on accepte de prendre en considération l’école comme lieu de développement, mais aussi de dépistages, de la bonne santé.
Les « résistances » aux soins trouvent dans la difficulté de ces niveaux de penser ensemble les politiques de santé, l’inefficacité de l’aide souhaitée quand familles et jeunes tentent d’ « éviter » leurs mal êtres.
Des acteurs de ces champs d’interventions se sont volontairement et librement mis à table pour penser ces questions dans la transversalité, l’interdisciplinarité nécessaire tant pour les comprendre que pour agir de façon concertée….ce qu’exigent les troubles que nous évoquons mondialement aujourd’hui.
Des acteurs d’éducation, de protection et de soin, de façon informelle et librement se réunissent dans les « Jardins pour tous ». Il en existe un par territoire, une structure faitière rassemble la créativité produite, les énergies afin de les redistribuer dans les provinces et de les porter aux autorités administratives et politiques. Ces lieux sont identifiés par leurs participants comme des temps de ressourcements pour leur propre santé mentale. L’abc d’un concept de soin quand il est question de relation d’aide.
Ces mêmes autorités prises dans des rivalités « politiques » ont sabordé cette démarche. Sans doute parce que le « processus jardin pour tous », aux allures intervisionnelles, a-t-elle eu tort d’interroger un ministre sur une révision de règles en cours dans un de ces champs « pluriels » de la manifestation des troubles de la santé mentale.
Je m’exprime en mes qualités de clinicien et de président du CRéSaM, Centre de référence en santé mentale pour la Wallonie. A l’écoute de l’ AG de cette asbl, de ses chercheurs, des acteurs qui nous sensibilisent sur les politiques et pratiques en santé mentale des enfants et des adultes je formule le vœu que les autorités administratives et politiques soutiennent toutes actions, réflexions qui s’élaborent dans ces lieux de croisements des champs de santé, de l’amont et de l’aval, de l’école aux hôpitaux en passant par toutes les structures intermédiaires et l’indispensable apport des experts du vécu.
Il tousse ce matin. Son éducateur d’hébergement, après comptabilité des symptômes déclarés, le pousse dehors dans le groupe d’enfants scolarisés. La mine sombre et toussant dans le coude comme il l’a bien appris, il entre dans l’école. Repéré, sans explication, il est renvoyé à l ’« hébergement ». Le directeur l’a entendu renifler.
Cet enfant fait l’objet d’une mesure de placement dans un IMP140, SRJ de l’AViQ et est renvoyé de l’école spécialisée qui accueille la majorité des enfants de ce service.
Il est baladé dans un déni complet de ce qu’il peut ressentir, si par bonheur, parce qu’il ne va pas trop mal, il ressent encore. Pour d’autres, plus précocement meurtris, dans une méconnaissance de l’impact de ce rejet qui confirme, si besoin en est, une identité d’objet relégué. Dans l’épisode si dessus la qualité de lien affirmé à cet enfant ne fait que confirmer cette déliaison contre laquelle il construisit très tôt des remparts de protections que l’on qualifiera à minima de troubles de l’attachement.
Les deux services concernés sont sous tutelle d’autorités de subventions différentes, de cultures et de qualité d’engagements. Un modus vivendi est établi depuis longtemps entre eux, une hostilité parfois, gère des contentieux, sans doute hypothétiques, de risques que l’un des partenaires prenne l’ascendant sur l’autre. Chacun se repliant sur une de ces compétences, l’instruction pour l’un, le soin pour l’autre. Dans ce cas, l’élève perd la qualité de sujet et se moule dans une identité d’objet. Il se spécialisera, aux frais des autorités, dans l’expression de cette identité que tôt, il l’avait expérimentée pour se protéger des absences douloureuses, des manques qu’il dut apprendre à maitriser, contrôler, combattre, méconnaitre…
Cette posture historique des services et des autorités bien en peine de penser les besoins spécifiques de ces enfants dans la transversalité, dans une co-construction entre le niveau Communautaire et le niveau Régional, le projet, le soin de l’enfant se pense rarement dans le lien entre services.
Il s’est installé dans cet entre-deux une symétrie entre le dysfonctionnement des institutions et les mécanismes de défenses, la pathologie de ces enfants qui manifestent des troubles du lien. Il ne sera jamais possible de soulager des enfants et des familles des souffrances de ces troubles de l’attachement « soutenus » par les difficultés d’élaborer des plans de soins soutenus par chacun des partenaires.
C’est cette absence d’éthique qui permet que l’enfant, puissamment, conforte ses remparts, alimentant et s’alimentant des carences de ces institutions. La pandémie, par les directives multiples et variées qu’elle produit, fait caisse de résonnances des carences, de ces aveuglements de nos institutions, écoles et services.
Avec vous je reconnaitrai que cette photo ne montre à voir qu’une fraction de la réalité. Elle n’est de toute façon pas supportable. Elle nous oblige à prendre la mesure du degré d’éthique dans les rapports entre nos services et le politique, et dans le cas présent, dans les instances entre elles. Elles doivent prendre en compte ces carences qui, « victimisant » davantage ces enfants, les spécialisent dans leurs difficultés.
Cette règle écologique et systémique s’applique à l’intervention d’aide et de soin en travail social. Malgré les référentiels, les logiciels l’intervention éducative et sociale peut imprimer des changements indésirables dans la famille. Le service a t il la maturité, la sécurité et la contenance qui permette à l’intervenant et à son équipe d’en faire une lecture impartiale, sans polluer la famille. Sans cela le TS enfonce la famille qui tente de sortir la tête de l’eau. L.F.
sur un extrait de E.Morin-Changeons de voie, les leçons du coronavirus-Denoel juin 20